15e édition du LuxFilmFest : « Offrir une belle lecture du monde »

Le Luxembourg City Film Festival revient du 6 au 16 mars avec une grande diversité de films, des masterclass ou encore des œuvres immersives. Alexis Juncosa, directeur artistique, détaille les engagements du festival et les particularités de cette nouvelle édition.

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof préside le jury du 15e Luxembourg City Film Festival. (Photo : Jennifer 8. Lee/wiki Commons)

Ce jeudi 6 mars, la quinzième édition du Luxembourg City Film Festival est lancée. Durant onze jours, la capitale se transforme en véritable « petite ruche », selon l’expression d’Alexis Juncosa, directeur artistique de l’événement depuis sa conception. Celui-ci explique que le festival fonctionne toujours sur les quatre grands piliers tels que l’équipe les a définis en 2011. D’abord, comme pour la plupart des festivals qui se déroulent dans les capitales, mais qui est d’autant plus vrai dans un pays qui compte 75 % d’étrangers en ville, le festival présente un panorama très international. « Cette année, par exemple, il y a du cinéma somalien, portugais, américain, taiwanais… », s’enthousiasme Alexis Juncosa.

Le deuxième segment cher au Luxembourg City Film Festival est le documentaire, un genre extrêmement riche mais pas assez exposé selon ses organisateur·rices qui y voient un moyen privilégié pour mettre en lumière les questions sociales. Le chef d’orchestre des festivités détaille : « Cette année, bien évidemment, on va parler d’Ukraine, de la Palestine et de Gaza, des États-Unis… le festival a cette capacité d’offrir une belle lecture du monde. »

Deux invités d’exception

Le troisième pilier est, avec plus de 6.000 enfants inscrits, le volet éducation et jeune public. Outre les dossiers pédagogiques, les enfants peuvent participer à des masterclass, telle que « Slocum et moi » de Jean-François Laguionie pour cette édition. Enfin, un record étant fait pour être battu chaque année, le nombre de productions et co-productions nationales compte cette année 17 avant-premières luxembourgeoises… contre quatre ou cinq en 2011.

L’équipe du Luxembourg City Film Festival a visionné plus de 1.000 films pour en sélectionner 175. Dans les deux catégories principales, neuf films sont en compétition pour la fiction et six pour le documentaire. Une sélection qui doit respecter une fine équation, celle de présenter un panorama montrant ce qui se passe dans le milieu du cinéma, tout en exposant les nouveaux talents et en variant les genres. « Cette année, on est dans une approche “anti-cyclique”, les temps sont très durs et les gens ont aussi besoin de se marrer », précise Alexis Juncosa. Côté jurys et invité·es, le Luxembourg n’a rien à envier aux autres festivals, même aux plus grands. Le directeur artistique confie que lui et son équipe en sont elleux-memes étonné·es : « On fait notre liste au père Noël, mais on a acquis cette réputation de bien savoir accueillir les gens car, comme c’est un petit milieu, quand quelqu’un est bien reçu, il en parle et cela éveil l’intérêt d’autres personnalités ! » Cette année, deux invités d’exception sont attendus pour faire des masterclass : Alejandro Amenabar (réalisateur de « The Others » avec Nicole Kidman notamment) et Tim Roth (acteur dans « Reservoir Dogs », « Pulp Fiction » ou encore « L’Homme sans âge »). Lors de ces masterclass, les personnalités échangent avec une journaliste sur leur carrière et se prêtent au jeu de questions réponses avec le public.

Pour cette quinzième édition, deux ans après Asghar Farhadi, la présidence est de nouveau iranienne avec Mohammad Rasoulof, réalisateur connu notamment pour « Les Manuscrits ne brûlent pas » (2013) et « Les Graines du figuier sauvage » (2024). Le reste du Jury international est composé de deux actrices, deux réalisateurs et d’un scénariste. Le Jury documentaire est, comme le veut la tradition, composé de représentant·es de festivals tandis que le Jury Fipresci (Fédération internationale de la presse cinématographique) comprend deux critiques de film et le président de l’Association Luxembourgeoise de la Presse Cinématographique. Le 2030 Award by Luxembourg Aid & Development sera pour la troisième fois attribué par la Direction luxembourgeoise de la coopération au développement et de l’action humanitaire luxembourgeoise.

Au niveau du jeune public, sept élèves de la classe 3e A Médias du Lycée Robert-Schuman composent le Jury jeune, tandis que la 7e Classe Découverte du même lycée décernera le prix du Jury scolaire et qu’une classe du cycle 4.1 de l’École Fondamentale Beggen forme le Jury Enfants. Le Prix du public récompensera le film de la sélection – « The Salt Path », « Good One », « Hard Truth », « Your Monster » et « Went up the Hill » – qui aura reçu le plus de votes du public au cours du festival. Enfin, le prix de la « Meilleure expérience immersive » sera attribué à la meilleure œuvre du Pavillon Immersif et sera remis par un jury constitué de trois expert·e·s internationaux·ales.

Une compétition sans compétition

Cette année, le Pavillon Immersif est réparti sur deux sites à Luxembourg-Ville : « Oto’s planet » et « Ceci est mon coeur » sont exposés au Ratskeller jusqu’au 6 avril, sous réservation via cerclecite.lu, tandis que les dix autres œuvres immersives seront présentées à Neimënster durant le festival. Comme toujours, les mondes imaginaires se mêlent aux questions sociales. L’édition 2025 met en avant des témoignages de résistance et explore les rencontres humaines sur Terre et dans l’espace. Elle offre également une réflexion sur l’impact de l’intelligence artificielle et donne un aperçu des esprits atteints de TDAH.

Outre cette évolution du Pavillon Immersif, d’autres nouveautés sont attendues pour cette édition. Ainsi, le made in Luxembourg s’élargit avec une soirée dédiée aux séries. « On prolonge aussi le genre du film d’horreur avec des choses assez marrantes cette année, on mêle l’horreur à la comédie », développe Alexis Juncosa. Surtout, dans la volonté de ramener des nouveaux publics, le pass 30/30 a été mis en place, permettant aux moins de 30 ans de payer trente euros pour assister à tous les films de la compétition. « Venez découvrir des choses très différentes pour pas grand chose ! », tel est le message que veut envoyer l’équipe du Luxembourg City Film Festival.

« On n’est pas un événement cathédrale, élitiste, on est un festival pour tous les publics : films d’action, lusophones, perses… on essaie de nourrir tous les appétits », affirme le directeur artistique. Ces efforts pour élargir le public passent aussi par les associations culturelles et les représentations diplomatiques :  « Nous ce qu’on aime ce sont les croisements : que quelqu’un venu pour un film somalien se retrouve confronté en sortie de salle à des gens venus pour un film américain », explique le directeur artistique. Le festival est ainsi un lieu de rencontre des professionnels, des publics et des œuvres. D’après Alexis Juncosa, le Luxembourg City Film Festival est une compétition qui n’en est pas une : « On ne dit pas quel est le meilleur film, on dit quel est le film que ce jury, avec ses spécificités, a choisi de mettre en avant. » Avoir des jurys c’est aussi l’occasion d’avoir de belles personnalités qui viennent et la compétition permet de voir des œuvres plus exclusives que les autres. « Mais on n’est pas des compétiteurs, on est même le contraire : on est là pour que les gens travaillent ensemble, en commun », résume Alexis Juncosa. Un festival est, selon lui, un « événement organique où rien ne se passe comme prévu », d’où la nécessité de rester connectés sur luxfilmfest.lu avec sa billetterie et sur les réseaux sociaux pour rester informé·es !

Plus d’informations : www.luxfilmfest.lu

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