Et à présent le Goncourt. Deux semaines après s’être vu attribuer le Grand prix du roman de l’Académie française, Jonathan Littell vient donc également d’empocher la plus prestigieuse des récompenses littéraires pour son premier roman „Les Bienveillantes“. Qualifié de „vénéneuse fleur du mal“ par le cinéaste Claude Lanzmann mais plus largement connu en tant que „pavé“, ce livre de près 900 pages, déjà vendu à plus de 250.000 exemplaires est incontestablement le phénomène de la rentrée littéraire française. Avec un brin de cynisme et beaucoup de mauvaise foi, l’on pourrait faire remarquer que ce succès n’a rien d’étonnant. Le sujet s’y prête, l’approche y invite. Littell donne en effet la parole à un bourreau sans remords, un officier SS qui fût un jeune homme cultivé et idéaliste avant de devenir un fonctionnaire de la mort. Mais il faut ensuite reconnaître la virtuosité de cet auteur américain de langue française et la solidité de son travail de recherche. Car ce qui fait des „Bienveillantes“ une grande fresque dramatique, c’est avant tout la capacité de Littell à redonner vie à ce qui appartient à l’histoire, sa façon de dépeindre les rouages du pouvoir nazi, les aspirations de ses tenants, les débats qui l’animèrent ainsi que son byzantinisme profond. Enfin si la lecture des „Bienveillantes“ peut nous apprendre quelque chose, c’est que le „pourquoi?“ qui enveloppe les crimes nazis depuis plus de soixante ans n’est qu’une façon de nous rassurer dans notre propre humanité. Au-delà du „pourquoi ?“ ne subsiste que le „comment?“
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