Lier l’utile à l’agréable – telle est l’idée directrice de tout designer d’objets contemporains et des artistes polonais qui exhibent leurs objets à l’abbaye de Neumünster. Le cadre de l’exposition « Plaisirs quotidiens – l’Art polonais de l’objet » n’y déroge pas. Objets de la vie quotidienne et ensembles décoratifs – où l’on peine à voir à quoi ils pourraient servir – s’y retrouvent.
D’abord, il faut relever le goût de certains artistes pour la vaisselle. Des plats en céramique plutôt incongrus invitent plutôt à prendre soin d’eux que d’en manger, mais cela semble être le propre de ces objets. A noter la nette préférence des différents créateurs pour les matériaux éphémères, ou du moins ceux qui en ont l’air. Les « objets » de Bogdan Kosak par exemple ont l’air de trébucher à chaque fois que la porte de la galerie s’ouvre, laissant entrer de dangereux coups de vent.
D’autres objets plus classiques, comme des sièges et des sofas, ne dépassent malheureusement pas les études de design du début 20e siècle. Et en plus, ils n’ont pas l’air confortables. Un Philippe Starck – même s’il est controversé – a fait nettement mieux.
Cependant, de rares objets d’exposition ont cette force de refléter un peu de l’atmosphère de leur pays d’origine et de son histoire controversée. Ainsi le « Trône pour le vent » de Pawel Grunert – une sorte de siège monacal fait de branches d’osier – peut être vu comme une approche humoristique des situations souvent ubuesques de la politique polonaise. De même pour ses « Sièges » qui ne sont rien d’autres que des bottes de foin cubiques et n’invitent pas formellement à s’asseoir, mais plutôt à réfléchir. Ou encore les « Pommes de terre » d’Anna Kozlowska-Luc, qui a persiflé le légume polonais par excellence en le reconstituant en céramique.
D’autres objets, comme des verres coloriés ou encore des décorations de table relèvent carrément de l’anodin et n’ont pas leur place dans une exposition qui – après tout – se veut aussi artistique. En tout, l’exposition « Plaisirs quotidiens – l’Art polonais de l’objet » vaut le détour, juste pour se tenir au courant de ce qui se passe et de se rassurer que le futur du design ne viendra pas de l’Est européen.
Jusqu’au 28 septembre