Michel Majerus, un des seuls artistes luxembourgeois possédant une réelle réputation internationale – fin tragique incluse – est honoré à la galerie Nosbaum&Reding.
Michel Majerus a été un artiste de son temps, la signalétique, les couleurs et même l’esprit des années 90 se reflètent dans ses tableaux et compositions aux couleurs éclatantes et à la signification limitée par son sens de l’esthétique.
Le grand tableau « yet sometimes what is read successfully, stops us with meaning, no II », l’illustre à merveille – aussi peut-être parce qu’il s’agit de l’oeuvre la plus connue de l’artiste au Luxembourg, puisqu’elle y a été exposée à deux reprises déjà. La chaussure de sport surdimensionnée qui semble jaillir d’un arrière-fond aux couleurs criardes est synonyme d’une nouvelle langue née avec l’hypercapitalisme : celle des marques. Une image de marque est bien plus qu’une habitude qu’on apprécie ou non, mais bien un mode de vie. Les temps de l’identification aux valeurs traditionnelles ou même progressistes ont été submergés par l’apparition des marques – ces nouveaux modes d’identification rapide et codée des nouveaux nomades postmodernes.
Les autres oeuvres abondent dans le même sens. Par exemple les six tableaux « sans titre » qui font du nom de l’artiste une marque à soi-même. Ou encore les tableaux intitulés « Liebt Euch » – inspirés d’une campagne de la chaîne de télé musicale Viva (rachetée entre-temps par MTV/Viacom) – qui sont les plus flagrants dans la démarche. Majerus détourne la campagne sans pourtant lui insuffler un nouveau sens – il la dévoile telle qu’elle est : totalement dénuée de sens. Ce qui fait de lui un explorateur des limites de la signification, quelqu’un qui ne cherche pas à faire sens à tout prix, mais qui recherche une sorte de vérité, même si cette dernière est creuse.
Pourtant, l’oeuvre de Michel Majerus a bien mal vieillie, car le contexte actuel de crise économique, de repli identitaire post-911 et de retour aux sources ne supporte que très mal tout ce qui se rapporte au boom d’avant, même si les souvenirs que propose Majerus dans cette exposition sont plutôt critiques par rapport à la société des années 90. Mais c’est aussi charmant de voir ces témoignages et de se souvenir qu’il y a une dizaine d’années, personne n’aurait cru que le monde de 2008 serait au bord d’une récession et ravagé par plus de guerres encore. L’euphorie post-soviétique a fait place au désenchantement post-911, et le langage imagé de Michel Majerus ne pourra jamais illustrer ce changement – dommage, en somme. On aurait bien voulu savoir ce qu’il produirait en 2008.
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