20 ans ont défilé devant nous depuis la chute du mur. Nous venons donc de passer deux décennies dans un monde devenu multipolaire, complexe et en proie à de multiples crises.
Les photographies de l’agence Magnum qui sont exposées en ce moment dans l’agora du centre culturel de rencontre à l’abbaye de Neumünster évoquent l’époque d’avant, ainsi que le moment où le monde a basculé du système des blocs vers ce que nous connaissons aujourd’hui.
Les clichés misent surtout sur une chose : l’émotion. Négatives quand il s’agit d’illustrer la cruauté des régimes communistes et la tristesse qui régnait de l’autre côté du rideau de fer. Et positives quand ils évoquent la joie des retrouvailles familiales et amicales ou tout simplement humaines après des décennies de séparation par le rideau de fer et son ourlet de fil barbelé.
Parmi les images les plus marquantes on trouve celles d’enfants séparés de leurs parents, en train de regarder par les fenêtres d’un train de la Croix-Rouge qui les amène en Suisse. Leurs regards tristes, les petites larmes qui perlent ci et là du haut de leurs joues, se brûlent intensément dans la rétine du visiteur. D’autres images sont connues, comme celle de l’étudiant praguois qui proteste contre l’entrée en Tchécoslovaquie des chars de l’armée rouge en 1968 – un cliché qui a fait le tour du monde plusieurs fois entretemps. Mais les photographies les plus marquantes sont bien celles qui ouvrent et closent le parcours de l’exposition : deux images de deux frères qui se retrouvent à Noël en 1963 sous l’ombre menacant du mur.
Pourtant, il faut toujours garder en tête le sens d’une telle exposition. Le mécanisme est simple : on suscite de l’émotion avec la mémoire. Et on oublie le rapport à l’Histoire aussi bien qu’au présent. Autrement dit : on nous montre ces images fortes, parfois difficiles à supporter pour mieux faire passer la pilule du présent. Comme si on disait : « Vous n’aimez pas le présent ? Vous n’aimez pas l’Union Européenne élargie ? Alors regardez comment c’était avant ! ». Le disours mémoriel se substitue ici au raisonnement critique sur l’état présent et tente de l’effacer. S’il est incontestable que la chute du mur a été un événement positif, il ne faut cependant pas fermer les yeux devant l’auto-célébration d’une Union Européenne où tout ne tourne pas rond.
20 ans que le mur s’est effondré : heureusement qu’il nous en reste cinq avant de nouvelles célébrations aveuglantes.
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