Pour la deuxième fois en quelques semaines, la pression sous laquelle se trouve le gouvernement est insoutenable. La question n’est plus de savoir si la coalition va exploser, mais quand.

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Les députés du CSV dans la commission d’enquête sur le Srel sont confrontés à une tâche carrément impossible : comment obtenir un consensus quand le consensus de la commission est de ne pas avoir de consensus avec eux ? Certes, personne n’a attendu des représentants conservateurs qu’ils tirent dans le dos de leur chef de file Jean-Claude Juncker. Pourtant, cela n’empêche pas que les revendications de Gilles Roth de vouloir faire porter une partie du chapeau à la commission de contrôle du service de renseignement, qui certes a été naïve, mais qui a surtout été mal, ou pas du tout, informée des lubies de nos apprentis James Bond grand-ducaux, est surtout pathétique. En d’autres mots : ça sent le cramé entre les membres de la commission d’enquête. Si les rumeurs de couloirs colportaient déjà dès le début de la semaine que le ton entre les honorables députés était monté, ils portent désormais leurs divergences sur la place publique. Pourtant, aucun des membres de la commission hors du CSV n’a eu le courage de revendiquer tout haut ce que beaucoup pensent, ou redoutent : la démission de Jean-Claude Juncker et de son gouvernement. Mais ça peut être interprété aussi comme un calcul préélectoral. Comme on le sait : tout le monde aime la trahison, mais personne n’aime le traître.
Si on y ajoute que ce conflit n’est qu’un télescopage de ce qui risque de se produire la semaine prochaine au Parlement quand le rapport sera débattu en séance plénière, toutes les voies sont ouvertes. Et, comme toujours dans ces heures de grande nervosité, toutes sortes de théories font la ronde. Cela va de pronostics électoraux à des décisions personnelles. Ainsi, la rumeur selon laquelle Jean-Claude Juncker serait prêt à troquer sa place avec Viviane Reding pour reprendre son chemin vers les institutions européennes, où il peut être certain d’être moins emmerdé que chez lui, se propage depuis le début de la semaine. Peut-être que la mise en scène spectaculaire et tellement américaine de la commissaire européenne lors du débat citoyen européen dimanche dernier à la Rockhal y est pour quelque chose.
La classe politique, et les conservateurs au premier rang, a réussi à berlusconiser la politique, la bunga-bunga en moins. Même si?
Quoi qu’il en soit, une chose est claire : la culture politique luxembourgeoise en est à son point le plus bas. En collant à ses fauteuils ministériels, en jouant sur toutes les nuances pour se tirer de la responsabilité et évincer la question de la culpabilité, la classe politique, et les conservateurs au premier rang, a réussi à berlusconiser la politique, la bunga-bunga en moins. Même si? tout peut encore être révélé.
En tout cas, l’agacement de la population est tel qu’il ne veut plus de la solution miracle que le CSV a toujours utilisé pour sortir des crises : forcer le consensus. Sans compter que leur champion Jean-Claude Juncker y a laissé des plumes et que, même couronné « Communicateur de l’année 2012 », il reste muet la plupart du temps. Pour mieux préparer son prochain, voire dernier, coup ? On le verra mercredi prochain, quand dans son discours il essaiera de redresser la barre ou de quitter le navire avec le peu de dignité qui lui reste.