CAMPAGNE ÉLECTORALE: Été indien

Quand les chiens écrasés – voire les ânes – apparaissent sur les unes des titres de presse, c’est le signe que nous traversons le trou d’été. Ce mois d’août pourtant, les partis politiques s’essaient déjà à la bataille politique de septembre. Avec des résultats divers.

Ce que beaucoup d’éditorialistes redoutaient déjà en 2009 est devenu, en 2013, une réalité incontestable et incontestée : la campagne électorale luxembourgeoise s’est bel et bien américanisée. Discours d’intronisation des têtes de liste dignes de soirées passées en discothèque et raz-de-marée de posts sur les réseaux sociaux – Twitter et Facebook en tête – trahissent une nervosité croissante derrière les façades d’apparence si sereine et calme des partis politiques.

Ce ne sont pas seulement les journalistes – qui pour une fois peuvent tomber sur des hommes politiques en plein été – mais aussi le grand public qui observent un rare phénomène naturel chez les hommes et les femmes politiques. Un phénomène qui se reproduit normalement à chaque échéance électorale. C’est un peu comme avec les papillons. Avant de s’envoler dans un bel élan coloré, ils passent par le stade des chenilles plutôt moches et agressives. Ainsi, ça tire un peu de toute part ces dernières semaines. Et l’affaire d’un âne sur un clocher d’église se dégrade vite en guerre des cultures. D’ailleurs, on aura rarement vu un été où tant de questions parlementaires ont été posées, et qui de surcroît se sont vues gratifiées d’une réponse. Comme si une fois le gouvernement et le parlement de facto dissous, il fallait faire preuve d’un surmenage spectaculaire. Mais, qui sait ? Peut-être est-ce même un phénomène biologique : en tout cas, des chercheurs américains qui voulaient expliquer les expériences de tunnel lumineux à l’approche de la mort ont démontré sur des rats que, juste après un arrêt cardiaque, l’activité cérébrale montait de plusieurs crans. Un peu comme avec cette législature donc.

Cette activité frénétique commence d’ailleurs à prendre des tournures qui ne sont plus vraiment drôles, sauf peut-être pour les cyniques. Comme cette intervention de l’archevêque Hollerich à Fatima, où il prenait un malin plaisir à dégommer le bilan de l’ex-ministre socialiste de l’Education. Les réactions dans les forums ont été aussi nauséabondes et plus virulentes encore que d’habitude. Et celles des politiques aussi. De toute façon, il semble que le moment est bon pour faire feu de tout bois. Ainsi, le PID de Jean Colombera s’inquiète, à juste titre il est vrai, de ce qu’il est advenu de la fameuse « Maison Berbère » rue Glesener, qui aurait dû être reconstruite par un privé aux abords de la Moselle.

On aura rarement vu un été où tant de questions parlementaires ont été posées, et qui de surcroît se sont vues gratifiées d’une réponse.

Pourtant, que ce soit dans la sphère virtuelle des réseaux sociaux et des blogs ou dans les médias « traditionnels », il y a un grand absent : le CSV. Justement, que fout le CSV ? Certes, il y a Octavie Modert qui mène sa petite guéguerre culturelle, mais elle semble batailler bien seule. L’activité sur l’internet du mastodonte politique luxembourgeois est elle aussi proche de zéro. On peut en conclure que la vraie bataille n’a pas encore commencé tant que l’ennemi à abattre – pour presque tous les partis – n’est pas encore monté sur le ring. Il se peut que ce soit justement sa stratégie : laisser s’épuiser les autres dans cet interminable trou d’été, pour revenir avec fracas en septembre. Une chose qui le laisse supposer est qu’au contraire des autres partis, le CSV n’a pas encore présenté son bilan parlementaire à la presse. Ni son programme électoral d’ailleurs, même si là, il n’est pas le seul. Et puis, qu’est-ce qu’il pourra bien proposer d’autre que la continuité ? Des changements radicaux seraient peu crédibles, tandis qu’une partie de l’opinion politique ne veut plus du « Sëchere Wee». Il ne lui restera donc qu’une seule issue : la personnalisation de la bataille électorale et une agressivité accrue. En septembre, les coups bas pleuvront donc, surtout avec un monde politique déjà chauffé à blanc. Et une première victime est déjà connue : les contenus politiques.


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