Le Casino-Forum d’art contemporain ouvre ses portes à l’artiste chypriote Christodoulos Panayiotou. Malgré quelques bonnes idées, son exposition « and » ne laisse pas vraiment d’impression durable.
La première impression que laisse « and » de Christodoulos Panayiotou est un certain vide. Le grand hall du Casino est recouvert de dalles faites de terre cuite, sur lesquelles s’amoncellent de vieux poteaux électriques. Il faut lire le catalogue, voire faire appel à un e-guide, pour comprendre ce que l’artiste a bien voulu nous montrer. Les dalles, apparemment, symbolisent Chypre. Fabriquée à partir d’argile et d’eau de mer, cette oeuvre baptisée « The Sea » serait une sorte de transfiguration de la nature chypriote, tandis que les poteaux, rassemblés sous le nom « Independence Street » en seraient le versant civilisationnel – ils proviennent en tout cas tous de Limassol, première ville chypriote à avoir été électrifiée.
On l’aura compris, Christodoulos Panayiotou veut surtout nous parler de Chypre et de lui-même. Certes, en apprendre un peu plus sur cette île méconnue, dont on sait qu’elle est scindée en deux, membre de la zone euro, qu’elle a frôlé la banqueroute à cause de ses marchandages avec l’oligarchie russe – une impasse dont elle s’est sortie en hypothéquant ses propres citoyens – peut être intéressant, mais on se demande alors pourquoi le faire à travers l’art contemporain. D’ailleurs, à propos de la scission de l’île en une partie turque et l’autre grecque, on ne dit pas grand chose dans « and ».
C’est peut-être parce que Christodoulos Panayiotou travaille beaucoup avec les absences. Comme dans la pièce à droite au rez-de-chaussée où, sous les titres très parlants « Untitled », il a premièrement fait arracher le « white cube » du Casino, pour faire ressurgir l’ancienne architecture. Et puis il en a profité pour y exposer des cierges, emballés dans du papier journal. Des objets de la vie quotidienne chypriote, où l’église orthodoxe reprend chaque cierge allumé dans une église le soir, pour le revendre le lendemain – une sorte d’arnaque au recyclage. Et à propos de recyclage, Panayiotou montre aussi trois paires de chaussures pour homme, faites à partir de sacs en cuir pour femme.
Ce n’est que « 2008 », la grande installation du premier étage, qui peut être qualifiée d’oeuvre politique et esthétique en même temps. Il s’agit d’un tas énorme d’ancien livres chypriotes, passé au broyeur après l’introduction de la monnaie unique européenne sur l’île. On notera en passant que le vieil adage romain comme quoi l’argent n’aurait pas d’odeur ne vaut pas pour les billets en papier. Et encore, on constate l’absence de toute réflexion de l’artiste sur ce qui est arrivé à son île au printemps 2013 – où l’euro a failli tomber à cause de ses banquiers aux longues dents. Il semble que Christodoulos Panayiotou soit plus intéressé par la nostalgie que par l’actualité. En tout cas, les autres oeuvres exposées, telle « Wonderland », une collection de diaporamas issue des archives municipales de Limassol sur les parades carnavalesques de la ville entre 1975 et 2008, le laissent supposer. Ou encore « Operation Serenade », où il a acheté des tapis rouges utilisés pour les grandes occasions, comme les Oscars, pour les présenter sous forme enroulée. Voire comme « I Land », où il juxtapose des images de l’archevêque Makarios III à d’autres photos d’actualité et d’autres oeuvres dans la même veine, l’exposition « and » laisse le spectateur sur sa faim et surtout laisse entrevoir un artiste en mal de communication. Un gentleman anglais répondrait peut-être au titre « and » avec « So what? ».
Au Casino Forum d’art contemporain, jusqu’au 5 janvier.
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