Avec « Welcome to Wes », le Cercle Cité explore – une fois n’est pas coutume – le monde créé par le cinéaste américain Wes Anderson. Une exposition amusante et éducative.
S’il fallait diviser le monde occidental en deux catégories, alors pourquoi pas entre les admirateurs et les détracteurs de Wes Anderson ? Le metteur en scène américain, originaire du Texas, divise depuis longtemps la communauté des amoureux du cinéma. Et cela non pas parce qu’il aurait un quelconque goût pour la provocation, mais parce qu’il a su créer un style – un univers même – propre à lui.
Car dès ses débuts, Wes Anderson a travaillé avec des constantes : des acteurs fétiches qu’on retrouve dans presque toutes ses productions, comme Bill Murray ou encore Owen Wilson, des décors aussi fantasques que détaillés et des histoires toujours décalées, comme issues d’un autre monde. Qu’il soit subaquatique comme dans son hommage au commandant Cousteau « Life Aquatic » ou enfantin comme dans « Moonrise Kingdom », Anderson est le maître des personnages excentriques à l’humour sec qui évoluent dans des décors parfaits.
Et c’est sur ces derniers que l’exposition se base, puisqu’on peut y admirer quelques maquettes utilisées dans le dernier film en date du maître, « The Grand Budapest Hotel » – notamment l’observatoire qui joue un rôle déterminant dans le film. La version luxembourgeoise de l’exposition, présentée dans le cadre du Luxembourg Film Festival qui débutera le mois prochain, est moins étendue que celle montrée à l’origine au Musée Miniature et Cinéma de Lyon – mais tout aussi instructive.
Elle propose la déconstruction – sans le démythifier pourtant – des méthodes de travail de Wes Anderson, pour mieux capter comment fonctionne son processus de création. Ainsi, le public pourra voir comment Anderson est un des seuls metteurs en scène américains qui utilisent encore des maquettes en miniature pour leurs films. Celles-ci sont mises sur pellicule en long et en large avec de longs travellings et les acteurs sont montés dans le décor pendant la phase de postproduction. On peut aussi apprendre que le travail avec les acteurs n’est qu’une fraction de la création andersonienne – pour le metteur en scène, c’est ce qu’il appelle « [son] temps avec les acteurs ». Une phase certes importante, mais pas déterminante, vu que tous les détails et les répliques sont déjà dans la tête du metteur en scène. On l’aura compris : avec Anderson, pas trop moyen d’improviser sur le plateau.
Autre point fort de l’exposition : l’insistance sur, d’un côté, les détails techniques, comme les costumes – et la préférence d’Anderson pour les uniformes et leur sémantique -, les compositions d’images qui suivent toujours une certaine symétrie, ou encore les bandes originales souvent composées de pop britannique et rarement composées juste pour le film. Et, de l’autre, les explications sur la psychologie des personnages. Car ces derniers sont souvent en décalage avec la perfection et l’harmonie des décors et des costumes : excentriques, ambigus et souvent rebelles à toute notion de réalité. Un fait qu’Anderson explique aussi par le traumatisme du divorce de ses parents. Ainsi, même chez le plus féérique des metteurs en scène, des zones noires existent. Leur exploration peut être édifiante.