Les trois artistes Olga Karpinsky, Nathalie Noé Adam et Désirée Wickler se sont réunies pour développer l’exposition « Parasite Paradise » – un jardin d’Éden personnel et plein d’impuretés.
En considérant le titre de l’exposition « Parasite Paradise », on aurait aussi pu le comprendre comme une allusion au grand-duché, ce paradis fiscal que d’aucuns considèrent depuis longtemps comme un parasite au sein de l’Union européenne. Pourtant, l’exposition conçue par les trois jeunes artistes n’a rien de vraiment politique – du moins, on n’y trouve pas d’allusion au scandale « Luxleaks ».
Par contre, le thème du jardin – voire de la végétation tout court – fonctionne comme un fil rouge à travers les œuvres montrées à Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster. On s’y égare d’abord dans la forêt imaginée par Désirée Wickler. Sous le titre « Entre chien et loup », elle a créé une salle pleine de grandes bandes de papier noir (façonnées à la main) sur lesquelles l’artiste semble avoir projeté ses peurs et ses désirs. Ainsi, petit à petit se décollent des bandes des visages humains et animaux qui fixent le spectateur. Voire des créatures hybrides, comme des lapins et des cerfs anthropomorphes qui peuplent cette forêt nocturne bizarre, ce théâtre du sous-jacent et de l’inconscient. Une œuvre impressionnante surtout par ses dimensions (34 bandes de papiers peintes en tout – pouvant aller jusqu’à 180 centimètres de hauteur). Une meilleure mise en espace – les néons de la salle nuisent considérablement à l’atmosphère créée par Désirée Wickler – l’aurait certainement mieux mise en valeur.
Une recommandation qui ne vaut pas pour les deux autres artistes, qui ont opté pour un accrochage plus classique. D’abord les gravures et les monotypes d’Olga Karpinsky, qui offrent une vision plus classique du jardin d’Éden tel qu’il est connu selon la tradition biblique de l’Ancien Testament. D’un côté du mur se trouve une série de dix tableaux sur lesquels sont représentés des motifs végétaux divers. Sur le mur opposé, une photographie en couleurs d’une abeille sur une fleur de grandes dimensions et une représentation d’Adam et d’Ève (même si le tableau est un « sans titre ») en désolation après la découverte de leur nudité. D’une grande technicité, les œuvres d’Olga Karpinsky – tout comme leur disposition – manquent d’une réflexion profonde sur le sujet. Elles donnent à voir plutôt qu’à penser.
Finalement, c’est Nathalie Noé Adam qui réussit le mieux la synthèse entre esthétique et réflectivité du thème choisi. Elle décline dès l’entrée l’aspect humain dans la conceptualisation du paradis. Dans « Anthropoparc 1 » et « Anthropoparc 2 », elle fait allusion aux constructions concrètes – et donc aussi architecturales – de l’esprit humain tout en restant dans un certain vague à la limite du végétal. Une pose d’esprit reprise dans les deux tableaux intitulés « Nuage d’habitation ». Et puis, du côté opposé, elle met en scène les relations conflictuelles entre l’humain et la nature. Des images de plantes dans lesquelles s’introduisent toujours un avant-bras et une main d’homme, qui apparaissent comme appartenant à un mourant qui essaie encore de s’y accrocher. Ou encore des visions d’horreur plus concrètes comme le tableau « Cattenom », où un champignon atomique apparaît au centre (même si, soit dit en passant, techniquement parlant une explosion de la centrale nucléaire proche du Luxembourg ne produirait pas de champignon).
En tout, une exposition féminine qui montre le potentiel des trois artistes qui déclinent leurs talents sur un thème choisi et précis. Même si le résultat est inégal, un passage à Neumünster vaut le coup.
Jusqu’au 5 février à Centre culturel de rencontre Abbaye de Neumünster.
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