Onze ans après sa participation à une exposition collective, l’artiste portugais João Penalva revient au Mudam pour présenter cette fois-ci une exposition individuelle. Oscillations entre réalité et fantaisie assurées.
« Je veux être autant d’esprits que possible. Tant mieux si je ne me reconnais pas moi-même. Encore mieux si vous non plus, vous ne me reconnaissez pas » : ainsi se présente l’artiste au visiteur. Dans son premier esprit, João Penalva nous présente plusieurs photos mettant en image soit toutes sortes de chaussures, soit des tissus ou encore des vêtements. Le visiteur a ainsi l’impression de pénétrer dans l’intimité de plusieurs personnes sans pour autant les connaître et voir leurs visages. Chaque photo semble vouloir raconter une histoire et un parcours de vie, le tout imprégné de nostalgie. Le choix de photographier quasi totalement en noir et blanc y contribue largement. Serait-ce une autre déclinaison de la « saudade » lusitanienne qui émerge de l’intérieur de l’artiste ? Penalva semble aussi vouloir que l’on épie les coulisses de la vie d’artistes appartenant au milieu du théâtre et du ballet, une sorte de complicité latente entre lui et ces gens. Pour rappel, João Penalva débuta son parcours artistique par la danse, dans les compagnies de Pina Bausch et de Gerhard Bohner.
Un deuxième esprit de Penalva nous mène tout droit dans une salle obscure composée de canapés vintage qui nous invitent à visionner cette fois-ci la projection de photos (le noir et blanc est de nouveau omniprésent). Ici, les images nous dévoilent des portraits de personnes, certes dans la vie de tous les jours, mais dans des positions purement statiques et somnolentes, frôlant la contagion si le visiteur prend la décision de s’asseoir. Pour clore cette absence de dynamisme, Penalva nous fait écouter la bande sonore d’une tempête. On décèle ainsi une sorte de saturation de l’existence où le sommeil se présente comme l’échappatoire la plus à portée de main.
D’autres esprits de Penalva nous transportent à travers une vidéo tournée avec une voix off en langue nippone dans l’imaginaire d’une forêt enchantée du Japon (un pays très prisé par l’artiste), même si le tournage eut lieu dans l’île de Madère. Il faut dire aussi que Penalva n’hésite pas à nous mener en bateau. En témoigne la salle entièrement revêtue de velours racontant l’histoire du Dr Carl Emil Erlenmeyer, chimiste allemand (1825-1909) et donc personnage réel qui inventa, entre autres, la naphtaline. Tout le reste, notamment les formules chimiques, le schéma graphique de la machine à produire de la naphtaline et une affiche publicitaire exposés sont pures inventions de l’artiste portugais. Et les déambulations à travers les différents esprits de Penalva ne s’arrêtent pas là.
Avec « autant d’esprits que possible », l’expo de l’artiste portugais tend à se disperser. Certes, il y a une volonté de raconter des histoires à travers différents objets, photos ou projections, mais le visiteur peine à trouver un fil conducteur. Sans doute était-ce le but de Penalva. La question de savoir s’il s’agit du même artiste ou si les différentes salles intègrent la même exposition nous assaille par moments. Si chez Fernando Pessoa on reconnaissait et identifiait facilement les différents hétéronymes du poète portugais, chez João Penalva, la caractérisation des différents esprits est brouillardeuse. Trop d’esprits tuent l’esprit.
Au Mudam jusqu’au 16 septembre.
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