
En 1095, le pape Urbain II appelle les pays européens à se rassembler pour les Croisades, tout en faisant la paix entre chrétiens. Urbain II est l’un des précurseurs de l’unification européenne, si l’on en croit l’exposition „L’idée d’Europe, visions d’une paix éternelle“, à voir au Centre Neumünster. Une cinquantaine de panneaux passe en revue l’histoire des utopies, des mouvements et des projets pan-européens. Sont présentés les bons européens (de Saint-Simon à Schuman), la fausse Europe d’Hitler et les méchants anti-européens, qu’ils soient nationalistes ou internationalistes ouvriers. Des citations judicieusement choisies et richement illustrées sont présentées de manière pédagogique. Malheureusement des projets de paix éternelle et d’alliances anti-révolutionnaires, des rêves de fédération progressiste et de superpuissance européenne sont juxtaposés sans différenciation. Cette disposition suggère, et sans doute intentionnellement, que l’Union européenne actuelle serait l’aboutissement logique d’un mouvement historique convergeant. Autre mystification: l’idée de l’exclusion, qui va toujours de pair avec des affirmations d’identité, n’est pas évoquée, alors que l’Union se consacre de plus en plus au combat contre l'“immigration illégale“. Si cette exposition n’arrive donc guère à expliquer ou analyser les idées d’Europe, elle présente l’intérêt d’aiguillonner l’esprit critique de spectateur-trice-s averti-e-s.