Selon le communiqué de presse, « Cloaca », les machines à chier de l’artiste flamand, allieraient pour la première fois « art culinaire et art contemporain ». Mais ce qui en ressort, c’est de la merde.

Pour une seule fois, celles et ceux qui ne pensent rien de bon de l’art contemporain peuvent être conten-t-e-s : oui, les machines qu’on peut voir au Casino et au Mudam produisent bien de la merde. De plus, elles sont loin d’être belles. Les diverses « Cloaca » exposées au Casino ont plutôt l’air de routes de production industrielles que d’oeuvres d’art. Mesurant chacune une dizaine de mètres, elles rendent visible la digestion humaine avec toutes ses composantes : les acides, les enzymes etc.
Pour les mordu-e-s de biologie humaine, l’expérience peut-être exaltante, surtout que le résultat sent vraiment comme du caca humain et est donc plutôt réussi. Mais sur le thème de l’art, que veut nous dire cette machine ?
Deux choses : Wim Delvoye – un artiste qu’on ne peut d’ailleurs pas seulement réduire à ses machines à excréments, tant son oeuvre est prolifique – veut nous rappeler ce que nous sommes : basiquement, des machines à merde – aussi. Après Nitsch, qui nous a rendu notre mémoire sur le sang, c’est le temps de la merde … il ne manquerait qu’une rétrospective de Pasolini pour clôturer en bonne et due forme cette année culturelle.
Autre possibilité : Delvoye est un clown qui aime amuser la galerie et se remplir les poches en même temps. Car, quoi de plus drôle et ridicule que de contempler ces bandes de bourgeois en extase devant des machines qui chient ? En plus, la nourriture que la machine ingurgite n’est pas n’importe laquelle – oh, non – celle-ci est livrée par les meilleurs restaurants du pays, qui s’espèrent une bonne pub. Si on y ajoute que les crottes industrielles – portant les logos disneyifiés du nom de leur créateur – sont à vendre dans la galerie, on voit que « Cloaca » est aussi un bon plan de com’. Devant tant de questions d’ordre métaphysique, votre humble serviteur préfère ne pas juger. Il espère juste que l’artiste ne fera chier que ses créations.