En disposant trois grands clichés pris dans les environs du kiosque MPK, le photographe Tom Lucas transforme ce dernier en une sorte de machine à remonter le temps.
Qu’est-ce que le temps ? Une vieille question métaphysique que l’on peut se poser en flânant du côté de la place de Bruxelles où trône l’installation de Tom Lucas, jeune photographe luxembourgeois et fondateur de l’association « photon.lu », savamment baptisée « Time Shift ». Et bien, du moins il fait beau temps – sur les photos, cela s’entend. Quiconque s’intéresse d’un peu plus près à ses photos gigantesques constatera que les clichés ont été pris dans les environs proches de là où il se trouve.
En regardant d’encore plus près, on voit que les images sont en fait doublées par elles-mêmes, qu’il existe une deuxième photo sous la première. Identique à celle-ci, elle ne doit son existence qu’aux quelques centimètres d’air entre elle et la plaque de verre qui contient la première. Cet espace, ce gouffre produit un faux effet tridimensionnel. On cherche à trouver un indice, une idée derrière cela – on se met à comparer, mais : rien. Pas de différence entre les deux clichés.
Ainsi, ce faux gouffre produit surtout un effet lumineux et confère volume et mystère aux trois photographies. Un choix artistique qu’on ne comprend que difficilement vu qu’on aurait pu en faire beaucoup plus en décalant un peu les clichés superposés. Mais cela ne semble pas avoir été l’idée de l’artiste. Les images frappent surtout par leur luminosité. Elles ont manifestement été prises lors des plus beaux moments de cet été (culturel) que nous venons de vivre. Et peut-être que c’est cette lumière chaude et souple qui invite à un moment ou un autre à rêver à ces derniers mois, à se retransposer dans cette atmosphère et peut-être même à se mettre un petit peu en question. De toute façon, c’est l’hiver et il n’y a pas grand-chose à faire en attendant l’été.
Jusqu’au 17 février, au kiosque MPK.