Oui, on peut aussi faire des expositions ennuyantes sur des thèmes passionnants. « Portrait en creux d’une intervention humanitaire », du photographe Christian Lamy en est un parfait exemple.
En pénétrant dans le hall du Centre d’information européen, sis rue du Marché-aux-Herbes dans le centre de Luxembourg, une certaine impression d’embarras et de lourdeur vous envahit tout de suite. Peut-être est-ce dû au fait qu’un couple avec enfant essaie depuis au moins trois minutes à sortir du bâtiment – chaque tentative échouant à cause de la porte automatique qui refuse de s’ouvrir. Finalement, c’est la gentille réceptionniste qui pousse un bouton et Sésame cède enfin aux regards paniqués du petit.
C’est aussi cela l’Europe : savoir trouver la sortie. Première leçon apprise aujourd’hui. La deuxième est : pas tous les thèmes intéressants donnent des expositions intéressantes. Certes, les photos de Christophe Lamy – des témoignages des actions humanitaires de l’asbl « Rumänesch Kanner an Nout » -, qui aide des familles roumaines à s’en sortir, tout en promouvant l’adoption d’enfants roumains au Luxembourg – sont belles, techniquement parlant. En noir et blanc et bien cadrées, elles feraient de bonnes décorations de bureau pour bureaucrates donateurs voulant afficher leur « goodwill ». Mais cela s’arrête là. Ce qui manque, c’est le certain regard qui transpose, qui cristallise et qui ferait que les images d’enfants souriants ou non deviendraient des témoignages humains et d’humanité. Alors que le seul message que semble transporter cette exposition est : « Regardez ! Ils sont comme nous, mais seulement un peu plus pauvres, mais heureusement que nous sommes-là pour les aider ». Montrer le quotidien pauvre et triste de ces gens ne suffit pas. Et surtout, cette approche ne change pas notre perception de la Roumanie, tout au contraire elle donne encore plus de force à certains préjugés. Il faut ajouter aussi que le choix du noir et blanc y est pour quelque chose. Est-ce que tous les nouveaux membres post-soviétiques de l’Union européenne vivent dans la grisaille des années passées derrière le rideau de fer ? Non, même s’il reste des choses à améliorer – ce dont se charge « Rumänesch Kanner an Nout » et qui est très bien – le regard miséricordieux que pose cette exposition doit disparaître. Car la miséricorde est aussi un instrument de mise à distance et traduit une certaine arrogance. Ce n’est pas pour rien que Nietzsche détestait cette attitude chrétienne au-dessus de tout.
De l’autre côté, pas tout le monde peut égaler James Nachtwey, qui sait montrer la misère jusqu’au point où certains peuvent même la trouver esthétique. Ce n’était sûrement pas le pari engagé par Christian Lamy, mais cela n’empêche pas une certaine auto-suffisance que cette expo exhale.
Au Centre d’information européen,
jusqu’au 31 janvier.
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