L’exposition « Demandeurs d’avenir » de Tim Battin n’est peut-être pas la plus originale d’un point de vue thématique, mais photographier des demandeurs d’asile sans les réduire à des histoires ou des drames est un exploit qui mérite le respect.
En effet, la petite salle de la galerie Terre Rouge au beau milieu de la Kulturfabrik eschoise, ne dégouline pas de sang et de larmes. Par contre, on a droit à des images où l’on peut entrevoir des yeux vides, ou simplement des salles vraiment vides. Sur certaines autres photos, il faut regarder plusieurs fois pour voir qu’il y a un homme ou seulement son bout de pied sur l’image. C’est que Battin ne fait pas dans le misérabilisme auquel s’adonnent trop souvent ces expositions pour la bonne cause. Au lieu de vouloir nous raconter des histoires émouvantes de fuites spectaculaires, de familles dispersées, de parents morts au pays d’origine, Battin a capturé ces longs moments d’attente incertaine que traversent ces gens venus de loin, leur apathie par rapport à un sort dont ils ont perdu la maîtrise depuis longtemps. Car au lieu de pouvoir prendre leur sort en main – ce qui est la motivation de tout demandeur d’asile – leur futur se trouve entre les mains d’une machine bureaucratique, froide et anonyme. C’est l’ironie amère du sort du réfugié que de devoir patienter dans les halls d’attentes de ces pays qui se vantent d’avoir inventé les droits de l’homme mais qui le traitent comme un humain de seconde zone. De plus, ils sont soumis à la suspicion générale : un seul illogisme dans leur dossier peut donner le prétexte à l’expulsion.
Ce qu’on voit sur les photos de Battin est cet état sous vide et sans gravité dans lequel végètent les demandeurs d’asile. Il échappe à tout storytelling émouvant non seulement en montrant des photos aseptisées qui ne racontent jamais des histoires claires, mais aussi en ne donnant aucun commentaire sur ses ?uvres. Aucune légende sous les images, comme pour illustrer que pour le regard de l’artiste, ces gens ne sont pas que des dossiers, mais des humains.
A la galerie Terre Rouge, jusqu’au 31 mars.
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