L’exposition du peintre Bernie Sait à La Galerie démontre une fois de plus que la peinture n’est pas morte – à condition d’une bonne dose de provocation.
« Je vous prie de ne pas photographier ce tableau-là », demande le galeriste, « vous savez qu’il y a des gens qui peuvent se heurter à ces trucs ». Et de disparaître derrière ledit tableau tout en sifflant un air de lambada. Pourtant, ni le coran, ni la bible ne sont insultés dans les tableaux de Bernie Sait. Même si une série de portraits est effectivement montée en forme de croix, on est aussi loin de la grossière provocation que d’une revendication politique.
Le tableau en question montre juste une icône Disney sur le point d’accomplir l’acte sexuel avec un humanoïde. De toute façon, il n’y a jamais d’êtres humains sur les tableaux de Sait. Notre espèce y est montrée sous forme d’êtres qui nous ressemblent, mais qui ne sont jamais humains. Une manière intéressante de transposer l’aliénation contemporaine sur la toile. Car, aliénation il y a dans les travaux du peintre helvético-britannique qui défend une singulière vue du monde dans ses tableaux. Les images de Sait ne sont jamais des objets en soi, mais se trouvent toujours doublés par un discours. Ce qui fait aussi de lui une sorte d’hybride à la limite du peintre et du poète. On serait tenté d’écrire actionniste aussi, mais si l’art de Sait est politique, cette politique est bien individualiste.
Un des tableaux par exemple relate – par la présentation de fragments textuels – la journée mi-réelle, mi-fantasmée d’un accro à internet. S’y mélangent entre autres des passages comme « has just been seen fucking Paris Hilton on the internet ». Et c’est sur la toile – la vraie, la matérielle – que ce personnage scindé en deux s’unifie et se liquéfie dans une figure fantomatique.
Une autre spécialité de Sait est de détourner des images connues, qui appartiennent à la mémoire collective de toutes et de tous, comme la célèbre étude anatomique aux bras multiples de Leonardo da Vinci: elle se retrouve doublée d’une tête de mort et les notes du maître italien sont remplacées par des troublants extraits de textes. Mais ce ne sont pas seulement les vieux paradigmes qui sont remâchés par Sait : il s’attaque aussi bien à des images de films récents qu’à des affiches publicitaires. Un peu comme s’il avait besoin de puiser dans l’imaginaire collectif pour prendre son envol. Ce qui est loin d’être une critique, car en procédant de la sorte, il évite subtilement le cryptage de son message et instaure un vrai lien avec le spectateur. A défaut d’être neuve, c’est une technique efficace. Et c’est cela qui compte.
En tout, une exposition qui en vaut le coup, la personnalité éclatée sur toiles de Bernie Sait peut paraître éprouvante mais fascine assez pour qu’on ne soit pas regardant sur le style un peu naïf et peu original de ses toiles.
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