La « H Box », qui fait en ce moment escale au Mudam est un signe des temps. Et pas des meilleurs. Il s’agit de la matérialisation des PPP (public-private-partnerships) en matière d’art. C’est exactement ce dont rêvent celles et ceux qui souhaitent une création artistique docile, coûteuse et glamoureuse.
Un partenariat entre une maison de mode internationalement reconnue – qui sert donc à être reconnu comme riche si l’on arbore ses produits – et un musée d’art contemporain, aussi renommé soit-il, démontre que les responsables politiques n’ont cure de l’indépendance des artistes et risquent ainsi l’intégrité éthique de la culture. Au contraire, ils encouragent encore – au nom de la sacro-sainte philantropie – cette évolution malsaine. Et le fait que le passage de l’H Box mette le Mudam au même niveau que la Tate Modern de Londres et le Guggenheim new-yorkais – un rêve enfin devenu réalité – démontre que les responsables ont été prêts à tout pour faire partie du club des grands sans égard au risques et périls.
Le pire de toute cette histoire, c’est qu’en fin de compte, la H Box n’est pas si mal. Certes, dans cet ovni atterri dans la cour intérieure du Mudam, qui a l’air d’une poche Hermès un tantinet plus grande que nature, on découvre un intérieur en cuir bien plus confortable que les bancs en bois auxquels on a droit dans d’autres maisons d’art moderne. Mais finalement cela n’a rien de spécial non plus. C’est trop sage pour choquer le bourgeois et trop confortable pour que le critique s’énerve vraiment. Le contenu du box correspond d’ailleurs à son extérieur – on doit appeler cela harmonisation. Les vidéos montrées sont toutes de qualité, surtout le petit conte « Blue Beard » d’Alice Anderson, qui entreprend de ré-explorer le conte de Charles Perrault « Barbe Bleue » en inversant les genres. Barbe Bleue se trouve donc être une femme barbue qui ne peut échapper à sa propre laideur. Les images oniriques et pompeuses de ce court-métrage restent dans la mémoire du visiteur pendant longtemps. Même si les autres travaux sont plus ou moins égaux en qualité aristique, une question revient toujours torturer l’esprit critique : « Et quelles vidéos ne verrai-je jamais dans cette H Box ? ». Car, un travail vidéo d’un artiste politique, engagé ou seulement critique envers l’industrie du cuir n’aurait jamais trouvé sa place là-dedans. Il ne s’agit pas ici de proclamer que tout art contemporain doit être politique et engagé, loin de là. Mais seulement de constater que nous n’avons désormais le choix qu’entre filtrer ce qu’on voit en fonction du sponsor de l’exposition, ou de gober tout simplement tout ce qu’on nous vend comme art.
Au Mudam jusqu`au 23 juin.
Das könnte Sie auch interessieren:
- Kunstausstellung: Bilder einer finanziellen Alternative
- « Des rues de Lisbonne au Luxembourg » : suivez le guide avec le woxx
- Kunstausstellung „My Last Will“: Mein Wille geschehe
- Fotografieausstellung: Die Erde als Kugel und andere Realitäten
- Photographie : Alfredo Cunha au-delà de la révolution des Œillets