Il faudra s’y faire : les pouvoirs publics déploient de véritables efforts contre le tabagisme. A croire que ce combat est une priorité sociale.
Valentino Parlato, 73 ans, est un fumeur acharné. Mais il a d’autres qualités, entre autres celle d’avoir fondé le journal de gauche italien « Il Manifesto ». Comme le rapporte le quotidien communiste français « l’Humanité », dans un article traitant des lois anti-tabac qui submergent actuellement l’Europe, Valentino, toujours rebelle, continue à fumer dans les toilettes des lieux publics et des trains. Mais en bon marxiste, il situe cette évolution dans une perspective historique : « Pour nos petit-fils, les cigarettes seront un souvenir de l’autre siècle. »
Pour le ministre luxembourgeois de la santé, Mars di Bartolomeo (LSAP), cette analyse relève plutôt du souhait. Après sa première loi interdisant de fumer dans les restaurants et brasseries (durant les heures de repas), le ministre semble bien déterminé à mener son combat contre le tabac à son terme. Mais après cette première étape répressive, di Bartolomeo a présenté, lundi dernier, un plan Marshall d’aide au sevrage tabagique.
Ce programme d’aide, proposé conjointement par le ministère de la santé et l’union des caisses de maladie (UCM), offre des consultations régulières chez le médecin pour une durée de huit mois. Le ministère a mis le paquet : après un consentement signé lors de la première consultation chez le médecin traitant, le fumeur s’engage à suivre un traitement composé de méthodes psychologiques (par exemple la tenue d’un « journal du fumeur ») et d’aides pharmaceutiques (Zyban, Champix). A l’issue du huitième mois et d’une dernière consultation médicale, un bilan final est établi et envoyé à la Direction de la santé qui évaluera ainsi les droits aux remboursements des médicaments.
Comme c’est le cas dans différentes conventions conclues entre l’Etat et l’UCM dans le cadre d’autres actions de médecine préventive (mammographie, hépatite B, malformations congénitales, etc …), les frais sont partagés entre ces deux partenaires. Même incomplets, ces remboursements ne sont pas négligeables. Au niveau des consultations médicales, la première et la dernière sont intégralement remboursées, tandis que des 31 euros déboursés lors des consultations intermédiaires, l’UCM en prend en charge 27,9. Pour ce qui est des médicaments, l’UCM rembourse 50 pour cent des frais engagés avec un maximum de 100 euros. Pour di Bartolomeo, le remboursement ne doit d’ailleurs pas être intégral, car la participation financière constitue un élément de « motivation » de la part du fumeur.
Cette opération s’inscrit clairement dans une volonté politique de ne plus laisser d’excuse aux fumeurs de continuer à s’adonner à leur vice. Car il est fort à parier que bientôt, une loi encore plus répressive au sujet du tabagisme dans les lieux publics viendra s’ajouter à celle qui est en vigueur actuellement. La législation luxembourgeoise est en effet encore relativement souple par rapport aux lois en vigueur en Irlande, en Italie ou, depuis ce 1er janvier, en France et dans certains Länder allemands, où la prohibition s’est étendue aux bars et discothèques. Mars di Bartolomeo ne s’en cache pas : c’est la prochaine étape. Et elle devrait être franchie, s’il n’en allait que de sa propre volonté, avant même les prochaines élections au printemps 2009. « Il suffit juste que 31 députés donnent leur accord à une telle interdiction », explique di Bartolomeo, pour qui la Chambre des députés constitue le seul obstacle à sa volonté de bannir le tabac des cafés et boîtes de nuit.
Mais ce n’est pas tout, car le « Plan tabac », élaboré par son ministère et qui devrait paraître avant l’été, pourrait prévoir encore d’autres mesures anti-tabac : ainsi, une augmentation volontariste des prix des cigarettes devrait contribuer à la campagne de dissuasion massive du gouvernement. « Nous ne sommes pas à la fin de notre démarche qui nous conduira vers un avenir libre de tabac », clame fermement le ministre.
Si le gouvernement montrait autant d`entrain sur d`autres sujets plus importants, nous vivrions dans un monde libre de tous les maux.