Animaux : Bain de sang aux îles Féroé

von | 31.07.2025

À l’heure des départs en vacances en bord de mer, c’est une tout autre image de la plage que l’ONG de défense des océans Sea Shepherd France nous a donnée à voir ces dernières semaines, une image tout bonnement insoutenable : une mer de sang, des cadavres de cétacés éventrés, quasi décapités ou déjà dépecés, alignés sur le sable noir, une globicéphale occise alors qu’elle mettait bas, le fœtus – mort, il va de soi – encore à moitié dans le vagin.

En moyenne, près de 1.000 dauphins sont tués chaque année au cours des grinds. (© Sea Shepherd France)

Le 20 juillet dernier, des Féroïens se sont, une fois encore, adonnés à leur pratique sanglante et viriliste, le « grindadráp » (ou « grind »), qui signifie littéralement « mise à mort des baleines ». 116 dauphins et 15 fœtus sont passés sous la lame de leurs couteaux ce jour-là. Les grinds ayant lieu à plusieurs reprises dans l’année, ce sont en moyenne près de 1.000 globicéphales et dauphins à flancs blancs qui sont massacrés au nom de la tradition et de la culture tous les ans.

Avec des moyens résolument modernes, pour le coup : fini les barques et les flambeaux pour organiser la chasse, la tradition a su s’adapter ! Téléphones portables, radars, bateaux à moteur, jet-skis ne laissent pas la moindre chance aux cétacés. Lorsqu’un groupe de globicéphales est repéré, ses membres sont poussés par les bateaux à rejoindre une des plages réservées au grindadráp par les autorités féroïennes. La manœuvre est d’autant plus aisée (bien que longue, bruyante et extrêmement stressante pour les animaux) que ces mammifères sensibles sont curieux de nature et dotés d’un sens de la famille très développé, qui les incite à se suivre aveuglément. Puis le piège se referme : arrivés dans la baie, les dauphins sont harponnés avec des crochets insérés dans leur évent, avant d’être hissés sur la berge et tués au moyen de couteaux traditionnels. Depuis 2015, les autorités ont consenti à former les abatteurs. Sur le papier, il faut désormais être habilité pour porter le coup fatal, censé être rapide. Ce qui n’empêche pas de parfois rater sa prise et de faire ainsi agoniser un quart d’heure durant la bête, laquelle a déjà de toute façon eu le temps de s’affoler en voyant son groupe se faire massacrer.

La viande de cétacé s’avère pourtant impropre à la consommation, d’après les autorités sanitaires locales elles-mêmes.

(© Sea Shepherd France)

La viande et la graisse sont ensuite distribuées aux participants, voire au reste de la communauté. La viande de cétacé s’avère pourtant impropre à la consommation, d’après les autorités sanitaires locales elles-mêmes, qui recommandent aux femmes enceintes de ne pas en manger, tant elle est chargée en mercure et en polluants organiques persistants. En cas de surplus, cette viande est jetée ou détruite. Il faut dire que, lors d’un grind, tous les individus d’un groupe piégé y passent, sans distinction aucune et quel que soit leur nombre : mâles, femelles, femelles gestantes, bébés. En 2021, tant de dauphins ont été tués qu’il a fallu en incinérer. François-Xavier Pelletier, ethnocétologue et réalisateur, puis Sea Shepherd France ont même fait état d’un véritable charnier sous-marin au fond d’une faille.

En termes économiques, il est loin le temps où les habitant·es des îles Féroé, situées au large de l’Écosse, devaient compter sur la chasse à la baleine pour s’alimenter. Province autonome du Danemark, l’archipel enregistre l’un des niveaux de vie les plus élevés de la planète et l’un des taux de chômage les plus faibles d’Europe. Les Féroïen·nes bénéficient d’un accès étendu à l’alimentation mondiale, qu’ils n’hésitent pas à importer à hauteur de 60 %, en dépit de l’argument durable et local avancé par les partisans du grind.

(© Sea Shepherd France)

Il est vrai que le sort des dauphins émeut particulièrement le public, surtout perçu depuis un prisme étranger. Sans doute bien plus que celui d’un poulet élevé en batterie. Nous sommes si souvent capables de dissociation alimentaire… Mais cette dissociation vacille lorsqu’on se retrouve confronté·e aux images. C’est précisément le but recherché par les ONG, que ce soit dans le monde marin ou terrestre : susciter l’indignation vis-à-vis de la maltraitance animale. « Si les abattoirs avaient des vitres, on serait tous végétariens », dixit sir Paul McCartney, à juste titre. Non, le grind n’est donc pas victime d’une forme de persécution !

Cette tradition sanglante remonte au moins au 16e siècle, la première mention apparaissant dans des archives en 1584. Une ancienneté qui justifierait à elle seule la pratique. Aurions-nous alors dû continuer à autoriser l’esclavage, le cannibalisme, le trafic d’espèces sauvages au sein de l’UE, qui remontent pourtant à des temps immémoriaux ? La chasse à la baleine est interdite en Europe, ce qui inclut les côtes métropolitaines du Danemark. Mais cette interdiction ne s’applique pas à sa province autonome, qui avait choisi de rester en dehors en raison de la politique commune de la pêche. Tout en bénéficiant de l’accord de libre-échange et de la politique arctique de l’UE. La tradition a quand même bon dos.

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