Altrimenti : Dix ans déjà

Le centre culturel Altrimenti vient de fêter ses dix ans d’activité. Le woxx a rencontré Monica Renna, chargée de communication, pour mettre en lumière le travail de ce lieu de culture original dans la capitale.

Coup d’œil sur une production représentative de l’esprit Altrimenti : « Elefante. Ópera en espacio mínimo », un opéra de poche pour tout public de la compagnie mexicaine Ópera irreverente. (Photos : Altrimenti)

woxx : Parmi tous les centres culturels du grand-duché, Altrimenti occupe une place à part. Pourriez-vous en expliquer la spécificité ?


Monica Renna : En effet, le nom de notre centre veut dire ‘autrement’ en italien, c’est important de le rappeler. Nous fonctionnons autrement car nous laissons une place prépondérante aux initiatives culturelles des personnes elles-mêmes. La majorité des événements programmés naissent ainsi grâce à notre public, que nous accompagnons bien entendu. La logique est donc inversée par rapport à d’autres établissements, qui composent une offre culturelle chaque saison alors que nous ne savons pas à l’avance ce qui sera proposé dans notre lieu. Notre autre façon de fonctionner autrement, c’est notre envie de promouvoir la diversité de toutes les cultures qui peuvent coexister au Luxembourg. Les communautés grecque, espagnole ou arménienne, pour ne citer que quelques exemples, peuvent se retrouver dans notre salle autour d’événements culturels et conviviaux. L’art, pour nous, est un moyen de rencontre, que ce soit à l’intérieur d’une communauté mais aussi vers l’extérieur, pour que toutes les cultures rencontrent tous les publics. Et puis nous fonctionnons autrement parce que nous avons choisi d’être une association culturelle indépendante.

En dix ans d’existence, comment a évolué votre concept ?


Il est vrai qu’au départ nous avons eu une programmation plus axée sur la culture italienne. Mais l’évolution s’est rapidement faite avec et grâce à notre public. Au début, celui-ci cherchait un lieu convivial en ville et a trouvé Altrimenti. Et puis nous avons constaté qu’il y avait une demande croissante d’espaces de rencontre et de partage, que ce soit pour les communautés culturelles ou pour les associations, qui voulaient organiser des activités. S’y sont ajouté-es aussi celles et ceux qui ont besoin d’un espace de travail : nous accueillons donc des cours de musique, de danse, de langue… Une partie du public souhaite également disposer d’une salle où proposer des conférences, pour s’engager dans le débat citoyen, sur toutes sortes de sujets sociétaux et politiques. Nous avons été très tôt à l’écoute de tous ces besoins, et notre programmation a essayé d’y répondre au fil des années. Cela correspond à une envie de discuter concrètement et de réaliser des choses ensemble. À ce sujet, il y a un terme qui me plaît en particulier, c’est celui d’appartenance. Si l’on a un sentiment d’appartenance à un lieu, on va participer à la vie locale, même à l’échelle du pays ; c’est un peu l’enjeu de notre lieu culturel de donner l’occasion de participer à la vie culturelle luxembourgeoise. Nous pratiquons une forme peut-être discrète d’engagement, reliant culture et politique, mais elle est néanmoins réelle.

« Un espace physique et un espace virtuel où aborder même les sujets les plus sensibles »

À quoi peut-on s’attendre chez Altrimenti dans les dix ans qui viennent ?


Pour nous, la culture est une expérience collective et enrichissante, et notre mission est de continuer à la servir. Nous voudrions encore plus cultiver le partage, le dialogue interculturel, l’échange, la participation. Une chose que nous avons commencé à faire, c’est présenter des artistes un peu en dehors des circuits ‘officiels’. En cela, nous souhaitons conserver l’accessibilité de notre scène à toutes et tous, ainsi que lever le voile sur tout ce monde diversifié des artistes moins visibles. En ce qui concerne le dialogue, nous avons mis en place une nouvelle plateforme multilingue en ligne, Altrazine, qui permet la publication d’articles pour aller au-delà des conférences que nous organisons, afin de pérenniser le débat. Nous disposons donc à la fois d’un espace physique et d’un espace virtuel où aborder même les sujets les plus sensibles. D’un point de vue stratégique, nous voulons davantage développer ce lieu comme lieu d’appartenance dans la ville. Sur notre site internet, on peut lire ‘votre espace’. Ça veut dire que le public peut se l’approprier. Je pense par exemple aux étrangers qui viennent d’arriver et qui peuvent trouver chez nous des repères, un lieu où se poser. Un lieu où la rencontre avec la vie culturelle locale sera facilitée. Et puis nous aimerions relancer le débat sur les enjeux des lieux culturels : la politique culturelle, c’est quelque chose de complexe à développer, mais, concrètement, est-ce que ce que nous faisons est bien, est-ce que ça peut être amélioré ? Nos spécificités font que nous avons un autre point de vue, une vision alternative de la culture qui peut apporter beaucoup à l’ensemble des acteurs de terrain et aux instances politiques.

Le centre culturel Altrimenti en ligne : altrimenti.lu

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