Avec « Me, Family » le Mudam se livre à une expérience inhabituelle : donner le pouvoir au public d’interagir virtuellement avec les artistes choisi-e-s.
Même si au Luxembourg les musées ont été épargnés par les nouvelles mesures sanitaires du gouvernement, ses habitant-e-s peuvent depuis le mois dernier apprécier toutes sortes de créations artistiques en un simple clic. Inspiré de l’emblématique exposition « Family of Man » du plus international des artistes du pays, Edward Steichen, « Me Family » est constitué d’une plateforme digitale avec 24 artistes originaires de 14 contrées différentes. Dans une approche orwellienne, ces mêmes artistes se penchent sur la problématique de l’hyper-connexion et de l’omniprésence de la surveillance dans nos sociétés tout en abordant des thèmes aussi divers que le progrès technologique, l’innovation numérique, l’aliénation, les inégalités sociales, les guerres et les crises identitaires. Côté luxembourgeois, on notera ici la présence du prolifique couple luxembourgeois Karolina Markiewicz et Pascal Piron.
La plateforme créée par le Mudam se veut être ainsi un espace de débat. Plusieurs interviews sont programmées pour les semaines à venir et seront conduites par Emanuela Mazzonis di Pralafera, l’une des curatrices de l’expo. Le public est invité à participer et à interagir dans la discussion autour de sujets aussi divers que l’image stéréotypée et artificielle, le liens entre politique, économie et culture et les réseaux sociaux, en passant par la vulnérabilité de la collecte des données et la fiabilité de l’internet, ou encore la connexion entre histoire et révolution.
Il est incombé au duo Karolina Markiewicz et Pascal Piron d’inaugurer ce cycle d’échanges. Inévitablement l’entretien s’est focalisé autour de l’actuel contexte de la pandémie et des changements qu’elle a engendrée dans le processus artistique. Le couple considère que cette nouvelle approche digitale ne va rien remplacer mais plutôt ajouter quelque chose. Néanmoins les deux artistes luxembourgeois se disent conscients que l’être humain s’est vu obliger de changer et que certaines libertés individuelles ont été remises en question. Concernant le monde artistique, les expériences physiques demeureraient toujours importantes tandis que les expériences virtuelles s’imposent comme un complément. Selon leurs dires, il y aura un travail de plus en plus collaboratif en ligne. L’intégralité de l’interview peut être vue sur la page du Mudam. À noter que la plateforme « Me, Family » permet également une interaction entre les visiteurs eux-mêmes.
En ce début du 21e siècle Descartes changerait sûrement son universel aphorisme en « je m’adapte donc je suis ». Même si habituellement l’expérience muséale se voulait surtout un soliloque, les visiteur-e-s auront ici un vécu sensoriel (si possible muni d’un casque audio) d’un nouveau genre de plus en plus ancré en ces temps pandémiques. Et peu importe si en cette période surréelle de semi-confinement nous nous trouvons face à une approche digitale très dans l’air du temps, car comme disait l’écrivain et philosophe Paul Valéry « le seul réel dans l’art c’est l’art ».
Sur mefamily.mudam.com, jusqu’au 21 mars 2021.
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