Bijoux : Créés pour être portés

Le Cercle Cité accueille pour encore deux semaines « Bijoux d’artistes, de Picasso à Koons », une exposition consacrée à la collection de Diane Venet. Avec ses colliers, bagues, pendentifs ou broches signées d’artistes dont la réputation n’est plus à faire, elle offre un panorama varié où les matières et les techniques ont pour finalité d’orner le corps.

Les lunettes aussi peuvent constituer des bijoux (œuvre de Hiroshi Sugimoto)… (Photos : woxx)

« Il y a une trentaine d’années, l’artiste Bernar Venet enroulait une fine baguette d’argent autour du doigt de celle qui allait devenir sa femme… » L’introduction en forme de conte de fées peut faire sourire. Relier les bijoux à un amour qui s’étoffe et perdure n’est pas très original, et après tout, construire une telle collection qui comporte des pièces d’une centaine d’artistes n’a rien d’un passe-temps que peut se permettre madame Tout-le-Monde. D’autant que dans l’exposition figure en bonne place un diaporama montrant la collectionneuse revêtant ses acquisitions. C’est que, selon Diane Venet, « [elle] ne porte pas de bijoux, [elle] porte de l’art ! ». Passé un moment de flottement lié à ce qui pourrait s’apparenter à de l’étalage de richesse, on se prend pourtant à apprécier les diverses vitrines.

D’abord parce qu’elles présentent une série impressionnante de noms connus qui se sont essayés à l’art délicat de la bijouterie : outre Pablo Picasso et Jeff Koons mis en valeur dans le titre de l’exposition, citons encore Jean Arp, Louise Bourgeois, Salvador Dalí, Niki de Saint Phalle, Max Ernst ou Keith Haring. Notons d’ailleurs qu’une large majorité des pièces ont été façonnées par des hommes, alors qu’il semblerait (selon une estimation non officielle) que les visiteuses représentent 70 pour cent environ des entrées au Cercle Cité. Quoi qu’il en soit, on ressent un plaisir certain à retrouver le style des artistes dans des œuvres plus petites, plus artisanales. Loin des créations plus ou moins standardisées disponibles dans les bijouteries, celles-ci comportent souvent une apparente irrégularité de formes qui exacerbe leur caractère unique. Bonne idée également que de proposer un certain nombre de sculptures, qui prolongent dans une autre dimension spatiale les recherches effectuées par quelques artistes.

Création luxembourgeoise

… et la laine donner vie à un collier (œuvre de Yayoi Kusama).

D’autre part, l’exposition constitue un bel exemple de la diversité des matériaux utilisés par la créativité humaine dans le domaine de l’ornement du corps. Si les métaux, précieux ou non, sont bien entendu de la partie, on a tout de même droit à un curieux collier en laine. C’est ainsi que l’on déambule dans le Ratskeller du Cercle Cité en admirant l’inventivité nécessaire pour surprendre avec des objets de taille relativement modeste. La scénographie de NJOY participe aussi à l’intérêt en traçant un parallèle entre contenant et contenu, utilisant des cloches ou des boîtes individuelles, tels des écrins transparents, ou bien des constructions plus vastes traversant l’espace d’exposition et proposant des vues d’ensemble variées.

Lors de chaque présentation de sa collection dans une ville, Diane Venet commande une œuvre à des artistes du cru. Pour le Luxembourg, c’est au duo constitué par Martine Feipel et Jean Bechameil qu’a été confié le soin de réaliser une bague originale. Une série de vitrines en retrace la fabrication, depuis les premières esquisses jusqu’à la pièce finale, pour laquelle les artistes ont même conçu un élégant présentoir.

Outre la mise en avant de la collectionneuse évoquée ci-dessus, on pourra également tiquer au message ambivalent qui se dégage de l’œuvre de Santiago Sierra intitulée « Diamond Traffic Kills »… réalisée en or blanc et en diamants – comment s’assurer avec certitude de la provenance éthique des pierres précieuses ? Un malaise finalement bienvenu pour casser le conte de fées et provoquer la réflexion. Même si l’on n’est pas attiré par l’art bien particulier de la bijouterie, « Bijoux d’artistes, de Picasso à Koons » se révèle une agréable surprise qui permet de commencer l’année artistique 2022 par une visite originale.

Au Cercle Cité, jusqu’au 23 janvier. 
Visites guidées les samedis à 15h.

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