L’Okaju a présenté mercredi son rapport 2024 sur les droits de l’enfant. L’institution appelle à protéger les acquis, trop souvent remis en cause dans un monde marqué par l’instabilité politique, économique et sociale. Elle pointe des défis urgents à relever au Luxembourg, notamment en matière de santé mentale des jeunes.
Le 20 novembre, à l’occasion de la Journée de l’enfance, l’Ombudsman fir Kanner a Jugendlecher (Okaju) a présenté à la Chambre des députés son rapport annuel 2024. Une année particulière puisqu’elle marque le centenaire de la Déclaration de Genève sur les droits de l’enfant, au cours duquel de grandes avancées ont été faites, comme l’adoption en 1989 de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant (CIDE), qui reste le cadre de référence international en matière de protection des droits de l’enfant.
Dans son rapport, l’Okaju a défini six axes nationaux prioritaires sur lesquels travailler pour améliorer la condition des enfants et des jeunes du Luxembourg, dont quatre sont particulièrement urgents : la santé mentale des enfants et des adolescent·es ; la mise en place d’un système intégré de protection de l’enfance ; la protection des enfants contre les violences et autres préjudices en milieu numérique ; les enfants en risque de pauvreté ; et par ailleurs, la promotion des droits de l’enfant et l’accès au droit.
La santé mentale des enfants et des adolescent·es inquiète en effet tout particulièrement l’Okaju. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), un jeune sur sept âgé de 10 à 19 ans souffre d’un trouble mental. Depuis la pandémie de Covid-19, les cas d’anxiété et de dépression sont en hausse de 25 % dans le monde. Le Luxembourg n’échappe pas à cette situation, même si les données, comme souvent, tendent à manquer, en particulier concernant la santé des enfants de moins de 11 ans. L’Okaju « exhorte » à cet égard les pouvoirs publics « à développer un véritable monitoring favorisant le recueil de données solides et holistiques », lesquelles permettront ensuit d’établir des politiques ciblées. Il préconise également, entre autres, la création d’un service psycho-social et d’accompagnement dans l’enseignement fondamental, à l’instar de ce qui se fait déjà au niveau du secondaire.
L’Okaju met en avant plusieurs facteurs pouvant influer négativement sur la santé mentale des plus jeunes, qui peuvent être soit liés à des situations spécifiques (situation de migration, de handicap, LGBTQI+…), soit d’ordre développemental, certaines phases de la vie relevant d’une importance toute particulière, comme les mille premiers jours, susceptibles d’influer de « manière décisive sur l’avenir d’un enfant ». Parmi les facteurs de risque principaux que pointe l’Okaju, il y a aussi la précarité, qui a de surcroît un impact négatif sur l’accès aux autres droits fondamentaux que sont l’éducation et le logement. Les conditions de vie influencent en effet la santé mentale et le bien-être, et les plus vulnérables ont plus de risques de souffrir de troubles mentaux que ceux qui grandissent au sein d’une famille aisée. Pour l’Okaju, la situation au Luxembourg est même « alarmante » : un enfant sur quatre, soit environ 30.000 enfants, vit sous le seuil de pauvreté. 15 % restent en situation de pauvreté persistante et 8 % vivent dans des conditions de déprivation matérielle. Selon le Statec, le Grand-Duché présente le cinquième taux de pauvreté infantile le plus important en Europe. « La crise du logement et les inégalités socio-économiques croissantes ne font qu’exacerber ce problème », alerte l’Okaju, qui insiste sur la nécessité de mettre en place des politiques inclusives et équitables.