Exposition collective : Exposer le vide

von | 23.01.2019

Réunissant des artistes canadiens et européens, l’exposition « Buveurs de quintessences » – montrée une première fois à la Fonderie Darling l’année dernière – propose un retour à l’essentielle subjectivité artistique.

Photo : Jessica Theis

Pour sa première nouvelle exposition de l’année, le Casino – Forum d’art contemporain convie à une exposition offrant un subtil contrepoint au dynamisme galopant de la capitale. « Buveurs de quintessences », présentée pour la première fois à Montréal l’année dernière, réquisitionne les lieux jusqu’en avril, et impose d’emblée son esthétique minimaliste. L’expérience invite le visiteur à une contemplation non pas du vide, mais de ce qui l’entoure ; le but étant de rendre compte d’un art plus subjectif qu’expressif, et dont l’originalité repose bien sur le travail réalisé autour des espaces et des manques. Néanmoins, le focus accordé à ces trous, à ces béances et à ces marques d’une absence revendiquée ne mène– t–il pas à une certaine frustration ? L’escalier donne directement sur le premier volet des œuvres présentées, dévoilant à 360 degrés un assemblage hétéroclite d’installations. La visite se fait le nez au vent, puisque aucune indication, en dehors du plan fourni, ne vient donner la clé de la démarche ou le titre des œuvres. Cette première surprise, délibérée, accompagne le choix assumé de l’anonymat artistique au cœur de l’exposition – en refusant aux artistes la gloire du nom et aux installations un semblant d’explication, la disposition en appelle directement à la sensibilité et à la liberté d’interprétation individuelle. Cette initiative apporte une réelle liberté et pose frontalement la question de la paternité, sinon du copyright, de la création artistique, tout en rendant la visite plus spontanée et moins dirigiste.

Mais qu’en est–il du contenu ? Le premier espace d’exposition mise sur l’originalité : deux télés cathodiques aux formes incurvées, écran contre écran, forment un halo de lumière tamisée. L’idée de Kelly Mark, à travers cette œuvre nommée « The Kiss », est de rappeler une sensualité bousculée par la technologie et de suggérer un nouveau rapport à l’image, plus intime. Mais on retiendra surtout le « Fire in the Museum », qui, malgré ses accents incendiaires, consiste en un feu de cheminée tout ce qu’il y a de plus réel, entouré de canapés et fourni en bois. Il revient aux visiteurs, bien entendu, d’alimenter la flamme. Le pari est réussi : convaincu à juste titre que vous êtes dans un musée, cette incursion du familier et du chaleureux en plein espace public a de quoi déstabiliser. Par ailleurs, si vous avez l’occasion de vous y rendre seul, la contemplation de ce salon improvisé désert peut amener à une réflexion sur la solitude, réconfortante ou angoissante, c’est selon.

La salle principale, quant à elle, se pare d’une lumière filtrée avec brio. Les grandes vitres donnant sur le boulevard Roosevelt ont été chaudement teintées, avec pour effet notable une sensation douce–amère de quiétude et de repos. Les dimensions se prêtent parfaitement à l’exposition, qui joue du vide sur tous les tableaux. On remarquera les vidéos projetées directement sur les murs, qui sont d’une très bonne qualité. Spécialement l’œuvre, sans titre, de Marie Cool Fabio Balducci, qui témoigne d’un réel sens de l’esthétique minimale, retient l’attention.

Le reste, toutefois, laisse quelque peu perplexe. Si le projet – très ambitieux – vise à revaloriser la quintessence, c’est–à–dire le cœur absolu de la subjectivité artistique contre une expressivité forcée et exacerbée, le résultat pêche quelque peu par un dénuement trop appuyé. Le « rien » peine à remplacer le tout, et la visite se fait principalement les yeux dans le vague.

Au Casino – Forum d’art contemporain, jusqu’au 7 avril.

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