Alors qu’il est actuellement peu ou pas visible au grand public, le pont Adolphe est au centre d’une exposition au musée « Dräi Eechelen ». L’occasion de revisiter l’histoire d’un monument qui fait partie de l’identité luxembourgeoise.
Non seulement pour les habitants de Luxembourg-ville, mais pour tous les Luxembourgeois, le pont Adolphe fait partie de la symbolique nationale. Il se retrouve dans les pages du passeport comme sur les pièces de monnaie. La Banque et caisse d’épargne de l’État l’a même intégré dans son logo.
Et pour cause : à l’époque, la construction du pont Adolphe ne répondait pas uniquement au besoin de relier le quartier de la gare au reste de la capitale, mais marquait, en somme, l’entrée du grand-duché dans la modernité. Avec la fin de la forteresse, l’entrée en fonctions de la dynastie des Nassau – dont Adolphe fut le premier grand-duc du pays -, le développement des chemins de fer, la mise en œuvre du tramway ainsi que l’industrialisation du Sud du pays, la nécessité de faire miroiter ce changement d’ère dans un monument aussi utile que moderne s’imposait.
Ce fut d’ailleurs le gouvernement qui lança, vers la fin du 19e siècle, l’idée de la construction du pont Adolphe. Ce fut aussi lui qui en paya la construction – les édiles communaux de l’époque étant un peu sceptiques quant à cet édifice osé. À la pose de la première pierre, le souverain – dont le marteau et la truelle se trouvent derrière une vitrine au musée – baptisa le pont, son pont au juste, au nom du père, du fils et du Saint-Esprit. Monarchie et culte catholique, ces deux ingrédients de base de l’identité nationale luxembourgeoise avaient donc entériné l’entrée dans l’âge moderne.
Les travaux, pour lesquels le grand-duché dut faire appel à de la main d’œuvre étrangère faute d’ouvriers locaux, duraient trois ans. Le photographe Charles Bernhoeft, bien connu pour ses photographies de la vie du grand-duché à l’aune du 20e siècle et accessoirement photographe de la cour grand-ducale, en documenta toutes les étapes.
Construit avec de la pierre locale selon les plans de l’architecte français Paul Séjourné, on comprend, en suivant les clichés, la complexité et aussi les risques liés à l’ouvrage. Il ne faut pas oublier qu’à l’époque, le pont Adolphe fut aussi le plus grand pont basé sur une arche en pierre du monde.
Face à cela, confier les travaux à Paul Séjourné s’est révélé un choix judicieux. Ce dernier n’en était pas à son premier coup d’essai. Avant de s’attaquer à Luxembourg-ville, il avait déjà réalisé quatre oeuvres similaires, dont le fameux pont Antoinette à Sémalens. De nombreux autres viaducs, ponts et constructions allaient suivre jusqu’à sa mort en 1939 à Paris.
Le mérite de l’exposition sur le pont Adolphe est de ne pas uniquement se concentrer sur le pont lui-même, son histoire et la technique utilisée lors de sa construction. Elle dépeint aussi les conséquences socio-économiques de ce nouveau raccordement urbain qui dynamisa l’ancienne ville-forteresse et lui montra le chemin vers le 20e siècle.
En somme donc une exposition plutôt réussie et équilibrée qui n’intéressera pas que les touristes – les locaux aussi peuvent (re)découvrir les trésors que recèle ce monument devenu partie intégrante de leur quotidien.
Au musée « Dräi Eechelen », jusqu’au 8 mai 2017.
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