Exposition historique : Rien de nouveau

L’exposition « State of Deception – The Power of Nazi Propaganda » aurait pu s’avérer un outil intéressant pour établir des parallèles avec notre époque. Malheureusement, il s’agit juste de panneaux importés qui n’apportent aucune nouvelle information.

La propagande était l’outil de choix du parti national-socialiste allemand pour d’abord s’arroger le pouvoir en 1933 puis endoctriner les masses, avant de l’utiliser pour justifier l’entrée en guerre, les génocides et les sacrifices ultimes dans une Allemagne qui avait de toute façon perdu toutes les batailles. De ce point de vue, « State of Deception – The Power of Nazi Propaganda » démontre bien la continuité de la propagande ainsi que la mise en place de stratégies médiatiques ultramodernes pour l’époque afin de persuader le peuple qu’Adolf Hitler était celui qui le sauverait.

L’exposition raconte comment les nazis ont d’abord utilisé la propagande pour dénigrer leurs ennemis et tirer profit de la crise économique de 1929 – couplée à une crise politique permanente inhérente à la république de Weimar – afin d’arriver au pouvoir. Et cela malgré des scores aux élections qui n’étaient pas les meilleurs. Puis, une fois leurs représentants nichés aux manettes, comment tout un peuple a été mis au pas et convaincu que les minorités juive, communiste, tsigane, homosexuelle et autrement « déviantes » étaient leurs ennemies. À la fin de la guerre, la même machine de propagande a servi à garder la flamme de la haine allumée et à aveugler le peuple pour le leurrer jusqu’à sa propre fin dans une guerre perdue au moins depuis deux ans.

Tout cela est bien bon à savoir. Juste que quiconque a fait gaffe un tant soit peu pendant ses années de lycée le sait parfaitement. Et le discours de Goebbels sur la guerre totale qui est repris sur un des écrans figure dans un documentaire sur deux, de ceux dont raffolent toutes les chaînes de télévision. L’un des rares points intéressants est donc la différence dans la manière dont ces informations sont présentées ici et en Amérique, car l’expo provient du United States Holocaust Museum à Washington. Deux choses frappent : d’un côté, le fait que les textes sur les pancartes mentionnent plusieurs fois que les Allemand-e-s n’ont pas tous été antisémites, et que même dans la mouvance nazie, il y avait des gens qui ne l’étaient pas – ou pour qui le peuple juif n’était pas le problème principal, et qui restaient donc passifs face aux répressions et exactions commises par leur régime. De l’autre, des témoignages qui proviennent de survivant-e-s juif-ves qui racontent comment – enfants – ils ont aussi été tenté-e-s de rallier la cause nazie, et qu’ils n’ont compris que plus tard que celle-ci les excluait. Des particularités à comprendre sous l’angle américain qui a présidé à la conception de cette exposition.

Car, outre le musée précité, elle a été organisée par l’International Holocaust Remembrance Alliance (IHRA) et le Zentrum fir politesch Bildung (ZpB) luxembourgeois. C’est surtout l’IHRA qui est intéressante dans ce contexte, vu que cette organisation internationale à la présidence tournante sera présidée par le Luxembourg à partir de mars. Une raison de plus pour le ZpB donc de faire un peu plus que d’importer des panneaux d’Amérique. Une traduction dans au moins une des langues officielles du pays aurait été un minimum. Et puis pourquoi ne pas mettre en place des panneaux supplémentaires, voire une exposition, pour expliquer comment la propagande nazie a envahi le Luxembourg bien avant les chars d’Hitler ? Les travaux historiques et les historien-n-es intéressé-e-s n’auraient pas manqué à l’appel. Était-ce par peur de voir naître de nouvelles controverses ? On ne peut que spéculer là-dessus. Par contre, une chose est sûre : le Luxembourg n’a rien fait pour ajouter une plus-value à cette exposition, qui malgré son potentiel risque de n’avoir pas un grand impact.

Jusqu’au 17 mars à l’abbaye Neumünster.

Cet article vous a plu ?
Nous offrons gratuitement nos articles avec leur regard résolument écologique, féministe et progressiste sur le monde. Sans pub ni offre premium ou paywall. Nous avons en effet la conviction que l’accès à l’information doit rester libre. Afin de pouvoir garantir qu’à l’avenir nos articles seront accessibles à quiconque s’y intéresse, nous avons besoin de votre soutien – à travers un abonnement ou un don : woxx.lu/support.

Hat Ihnen dieser Artikel gefallen?
Wir stellen unsere Artikel mit unserem einzigartigen, ökologischen, feministischen, gesellschaftskritischen und linkem Blick auf die Welt allen kostenlos zur Verfügung – ohne Werbung, ohne „Plus“-, „Premium“-Angebot oder eine Paywall. Denn wir sind der Meinung, dass der Zugang zu Informationen frei sein sollte. Um das auch in Zukunft gewährleisten zu können, benötigen wir Ihre Unterstützung; mit einem Abonnement oder einer Spende: woxx.lu/support.
Tagged , , , , .Speichere in deinen Favoriten diesen permalink.

Kommentare sind geschlossen.