Cette année, le Festival du cinéma portugais se prolonge à travers une exposition qui parcourt une histoire centenaire. Une expo pourtant déséquilibrée entre la forme et le contenu.
Après la British and Irish Film Season et le festival CinEast, c’est le Festival du cinéma portugais qui a complété jusqu’à récemment la programmation des salles de la capitale. Depuis maintenant une décennie, ce rendez-vous cinéphile fait découvrir au public luxembourgeois les plus grands films récents du septième art portugais.
L’expo, elle, est plutôt un assemblage de 23 excellentes et didactiques affiches, expliquant chacune les différentes périodes du cinéma portugais. Le contenu pourrait aisément obtenir un 20/20. La Cinémathèque du Portugal a savamment concocté pour l’occasion une historiographie succincte de la cinématographie lusophone. Un voyage qui nous mène de sa genèse à l’époque actuelle, en passant par le cinéma muet, les « comédies à la portugaise », le cinéma de propagande et la censure des années de dictature, le cinéma engagé, le cinéma d’auteur, la génération des courts métrages, etc. Un-e néophyte en la matière, portugais-e ou non, peut en un peu plus d’une heure obtenir un aperçu assez maîtrisé de l’histoire du cinéma portugais, c’est-à-dire connaître ses phases les plus marquantes, ses principaux films, cinéastes, actrices et acteurs. Il ou elle s’apercevra que le cinéma portugais ne résume pas au maître Manoel de Oliveira ou encore à l’acteur à la carrière internationale Joaquim de Almeida (aperçu entre autres dans « Clear and Present Danger » ou plus récemment dans « Downsizing »).
À travers l’analyse des affiches, on conclut facilement que le cinéma portugais est un cas d’étude : un petit pays avec une filmographie restreinte comparée à d’autres nations, qui parvient toutefois à s’affirmer dans les festivals internationaux. En moins d’une décennie ont été obtenus trois Ours d’or dans la catégorie des courts métrages (João Salaviza, Leonor Teles et Diogo Costa Amarante), un grand prix de la Semaine de la critique du Festival de Cannes (Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt), sans parler des prix Fipresci et Alfred Bauer (Festival de Berlin) attribués à Miguel Gomes pour l’onirique « Tabu ». Et puis il y a un certain paradoxe avec le cinéma portugais : certains films et certain-e-s auteur-e-s connaissent un plus grand succès à l’étranger qu’au Portugal.
La forme de l’expo, quant à elle, obtient malheureusement une note insuffisante, malgré les bonnes intentions des organisateurs de divulguer l’histoire du septième art portugais à un large public non lusophone. Exposées sur deux murs d’un hall du troisième étage de la Maison du savoir à Belval, les affiches se confondent avec les annonces étalées sur les autres murs de l’immeuble. Lors de la visite, on constate que les étudiant-e-s ne daignent même pas s’arrêter pour regarder ne serait-ce que furtivement les affiches. Ne parlons même pas de les lire.
Le Centre national de l’audiovisuel ou un des cinémas de la capitale aurait donc été plus indiqués pour accueillir une telle exposition. Le bel espace du Centre culturel portugais (Institut Camões) peut-être moins, puisqu’il est malheureusement et injustement peu fréquenté – hormis les soirées de vernissage et autres événements occasionnels. Si maintes fois on y assiste à des expositions plutôt basiques, celles-ci parviennent à s’en sortir grâce aux locaux où elles sont exhibées, rappelant la chanson de Gainsbourg « Tu es belle vue de l’extérieur ». Ici, nous assistons à l’inverse. Dommage pour la qualité des affiches.