Histoire : De jade et d’or

von | 17.01.2019

L’exposition « Les origines de la civilisation chinoise » au MNHA est un tantinet moins spectaculaire qu’annoncée – aussi parce qu’on a du mal à mettre en parallèle les origines chinoises et occidentales.

Photo : MNHA/Éric Chenal

Le montage de l’exposition, sponsorisée à grands coups de communication par Cargolux, le Musée de la province du Henan, des banques chinoises et autres, aurait – selon les collègues de Reporter.lu – donné lieu à quelques tractations derrière les coulisses. En cause notamment, l’interprétation de l’histoire chinoise, qui, même si elle est ancienne, reste toujours soumise à la censure officielle. On ne sait pas si ou à quel degré le côté luxembourgeois a courbé l’échine devant les exigences des fonctionnaires chinois-es, mais toujours est-il qu’en parcourant l’exposition, une certaine impression d’isolement dans une interprétation figée de l’histoire a du mal à se dissiper, comme si aucune place n’était laissée à l’interprétation contradictoire. C’est ce qui arrive quand le nation branding se mêle de tout.

Toutefois, il serait faux de prétendre que faire un tour au MNHA n’est pas un enrichissement culturel, même si un peu de vigilance est de mise. Car l’histoire de la province du Henan est vraiment fascinante, tant par sa richesse et sa diversité que par son ancienneté. En d’autres mots, les Chinois-es n’ont rien à envier aux civilisations occidentales et n’hésitent pas à le montrer. Commençant à l’âge de bronze, depuis lequel déjà des objets extrêmement sophistiqués – et étonnamment bien conservés – ont traversé les âges pour s’exposer à notre regard, l’exposition donne à voir l’évolution parfois tumultueuse des premiers États chinois, qui se forment dès le premier millénaire avant notre ère.

Mais aussi comment ils se défont, comme à la période dite des « royaumes combattants », pendant laquelle plus d’une douzaine de rois et de roitelets s’affrontent – pour finalement aboutir à une entité unifiée. De toutes ces périodes, les objets de l’usage quotidien sont les plus nombreux. De petits fours à vapeur, des tasses, des bacs à eau pour se laver les mains après les repas pullulent dans toutes les périodes. Une constante qui frappe est la prédilection pour les miniatures de la vie quotidienne retrouvées dans les tombes des nobles. Dans cette catégorie, on trouve de tout, et du très curieux pour l’œil occidental : des truies qui allaitent, des greniers à grains, des maisons entières, mais aussi des barbecues avec… des cigales grillées. Comme quoi la mode de manger des insectes nourrissants est tout sauf nouvelle.

L’objet le plus spectaculaire est sans doute le vêtement cousu de jade et de fil d’or datant de la période des Han de l’Ouest (206 avant – 9 après J.-C.). Réservés aux nobles, ces vêtements qui couvraient la personne en entier étaient supposés arrêter la décomposition du corps et garder l’âme à l’intérieur. La tête qui repose sur un petit coussin ne montre pas un visage personnalisé, mais plutôt une abstraction que n’auraient pas reniée certain-e-s artistes du début du 20e siècle.

Que cet habit soit confectionné en plaquettes de jade est d’ailleurs tout sauf un hasard. Le jade, cette pierre précieuse utilisée aussi au néolithique sous nos latitudes et en Amérique précolombienne, a une valeur mystique en Chine. C’est l’attribut des riches et des puissants, tout comme des personnes importantes sur le plan de la spiritualité. Le cartel d’un collier en jade exposé détaille même que les personnes qui le portaient devaient veiller à ne pas émettre de cliquetis, pour respecter la matière. Pas étonnant que pour les Chinois, cette pierre vaille plus que de l’or.

Bref, « Les origines de la civilisation chinoise » est une plongée intéressante dans une histoire telle qu’on ne la connaît pas ici et qui vaut le coup d’être vue – même en prenant des précautions.

Jusqu’au 28 avril au MNHA.

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