Luxembourg-Portugal
 : Le saviez-vous ?


Le grand-duché et le Portugal ont débuté leurs relations diplomatiques il y a 125 ans. Au début de ce processus émerge la figure du vicomte de Pindela, premier ambassadeur portugais au Luxembourg.

Le vicomte de Pindela. (Photo : MNHA)

Le vicomte de Pindela. (Photo : MNHA)

« Monsieur mon frère, c’est pénétré d’affliction que Je viens porter à la connaissance de Votre Majesté le décès de mon bien-aimé neveu et cousin » : c’est ainsi que le 12 décembre 1890 s’adresse « le très dévoué bon frère » grand-duc Adolphe au roi du Portugal Carlos Ier, l’informant du décès survenu au mois de novembre de Guillaume III, roi des Pays-Bas et grand-duc de Luxembourg. La question de la succession se pose évidemment. Tandis que pour les Pays-Bas, les rênes de la monarchie reviennent à la fille de Guillaume III, Wilhelmine, pour le grand-duché, il était nécessaire de chercher du côté de la famille de Nassau. Un seul héritier mâle était « éligible » : un cousin lointain, Adolphe de Nassau, âgé de 73 ans. Le 9 décembre 1890, il prête serment devant la Chambre des députés au Luxembourg.

Plusieurs États européens ayant une représentation diplomatique à La Haye veulent aussitôt établir une représentation au nouveau grand-duché de Luxembourg. Le Portugal se trouve parmi les premiers. Le vicomte de Pindela, Vicente Pinheiro Lobo Machado de Mello e Almada, ambassadeur du Portugal à la Haye, avait appelé le gouvernement portugais à agir de la sorte. Il est ainsi nommé « envoyé extraordinaire et Ministre Plénipotentiaire auprès de Son Altesse Royale le Grand-Duc du Luxembourg ». Le 22 juillet 1891, il présente au grand-duc Adolphe ses lettres de créance, devenant ainsi le premier ambassadeur du Portugal au Luxembourg.

L’exposition peut se targuer de deux principaux accomplissements : d’un côté, celui de mettre l’accent sur le vicomte de Pindela, figure jusque-là parfaitement inconnue, sans doute même chez les plus férus historiens ; de l’autre, celui de nous faire remonter au temps de l’indépendance définitive de la tutelle hollandaisw. Nous sommes aussi à la veille du mariage du grand-duc héritier Guillaume avec la princesse portugaise Marie-Anne de Bragance (en juin 1893), qui renforce les liens entre les maisons de ­Bragance et de Nassau. Par contre, plus près de notre époque, l’accord bilatéral entre le Luxembourg et le Portugal sur le recrutement des travailleurs portugais, signé le 20 mai 1970 à Lisbonne et ratifié par la Chambre des députés le 11 avril 1972, semble avoir été oublié.

Lourde omission historique, puisque c’est suite à cet accord que les Portugais affluèrent massivement au grand-duché. Avant les accords, l’immigration portugaise était plutôt spontanée et sans contrat de travail. Avec l’accord de 1970, le patronat luxembourgeois en quête de main-d’œuvre se met à recruter au Portugal, en communiquant ses offres d’emploi à l’Office national du travail luxembourgeois qui à son tour les transmet aux instances portugaises, notamment à la Junta de emigração. Les travailleurs retenus doivent se soumettre à un examen médical et obtiennent une autorisation de travail valable un an.

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(Photo : Nuno Lucas da Costa)

Ce même accord bilatéral est entaché d’un épisode aux contours peu diplomatiques, mais plutôt xénophobes. En 1973, lors d’une visite du ministre portugais des Affaires étrangères, les autorités luxembourgeoises se sont ­accordées avec le ministre fasciste pour freiner l’arrivée de Cap-Verdiens (à l’époque encore citoyens portugais) au Luxembourg. Cette approche comploteuse est latente lors d’une séance à la Chambre des députés le 13 février 1973. Dans son intervention, le député du Parti chrétien-social luxembourgeois (CSV) « M. Spautz » confirme la promesse d’une « délégation portugaise (…) de n’entreprendre aucune mesure visant à stimuler l’émigration des travailleurs portugais du Cap-Vert et de leurs familles ». Cette déclaration suscite un « Très bien ! » dans les rangs du CSV.

Autorités et patronat luxembourgeois trouvent ainsi chez les Portugais non seulement « un travailleur sérieux qui ne rechigne pas à la besogne », selon les dires d’un rapport de la Fedil, mais aussi une main-d’œuvre blanche, catholique et peu militante. Actuellement, 90.800 citoyens portugais vivent au Luxembourg, selon le Statec. Le consulat portugais du Luxembourg avance un chiffre de plus de 120.000.

« Luxembourg – Portugal : 125 ans de relations diplomatiques », à l’affiche jusqu’au 23 novembre au MNHA, malgré cette omission, présente cependant des documents et objets d’un intérêt certain. Ceux-ci proviennent surtout des Archives nationales du Luxembourg, du ministère des Affaires étrangères du Portugal et des fonds privés de la famille de Pindela.

Jusqu’au 13 novembre au MNHA.

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