Nouvelle galerie : Une « Hal » de plus

Ouverte exceptionnellement le weekend dernier, la Konschthal est un des nouveaux lieux de culture eschois créés avant même l’année culturelle 2022. Entretien avec le maître des lieux, Christian Mosar.

Photos : Ville d’Esch

La Konschthal fait un effet de hall, du moins au téléphone. Difficile de suivre parfois les mots de Christian Mosar, qui vient d’y inaugurer ses bureaux. D’où il ne dirige pas uniquement la Konschthal, mais aussi le Bridderhaus, un ancien hôpital qui accueillera des résidences d’artistes.

Si la Konschthal n’a ouvert qu’exceptionnellement ses portes, c’est avant tout pour des raisons légales : « Nous attendons encore la mise en conformité, afin d’obtenir l’autorisation définitive d’ouvrir nos portes au public. Cela prendra du temps : nous projetons que, jusqu’à l’automne prochain, notre programme ne se fera que dans les vitrines », explique Mosar. Faire d’un magasin de meubles comme l’espace Lavandier un espace d’art contemporain prend donc du temps, ce qui n’a pas empêché Mosar de déployer pour son premier fait d’armes toute la stratégie à trois versants qu’il a conçue pour la Konschthal : « Premièrement, il y aura toujours un élément international dans les expositions. Il servira deuxièmement de comparaison pour les artistes luxembourgeois – de préférence déjà confirmés – qu’on veut exposer. Et finalement, il y aura toujours une création locale in situ. Bref, ce n’est pas la Nationalgalerie, mais un lieu de rencontres artistiques et de découvertes. » La première mouture, avec la sculpture d’Alfredo Barsuglia, l’installation vidéo et sonore d’Anina Rubin, le duo Feipel et Béchameil à l’intérieur et dans les vitrines, la création du clip pour la chanson « Tulipe » du musicien électronique Ryvage par le vidéaste Ted Kayumba avec la danseuse Jill Crovisier et enfin les visites guidées proposées par le collectif estudiantin Knockturn coche déjà toutes les cases.

C’est surtout « Das Wunder », de l’artiste viennois Alfredo Barsuglia, qui a attiré l’attention du public. Et c’est normal, puisque la sculpture est composée de deux voitures montées l’une dans l’autre, alors que les villes d’Esch et de Vienne connaissent le même fléau du manque de parkings. « C’est une œuvre née pendant le confinement », précise Mosar. « Le mirage impliqué est bien sûr celui d’enfin pouvoir trouver une place de parking, puisque la vie s’est arrêtée à cause de la pandémie. Mais il renvoie aussi ironiquement au dernier empereur autrichien, dont les adeptes veulent toujours obtenir la sanctification. L’usage populaire veut qu’on le propose comme le saint patron des parkings. »

Pour l’avenir, Mosar envisage la Konschthal comme un lieu « résolument tourné vers l’art contemporain, accueillant plutôt des expositions collectives que monographiques ». Il dit aussi envisager des expositions thématiques – qui pourraient en effet être plus à même d’attirer le grand public. Mais la Konschthal sera aussi un lieu de stockage : « La collection de la Ville d’Esch, qui en ce moment est au Théâtre de la Ville, sera archivée ici, et on accueillera aussi une collection privée, celle de Marc Modert, un collectionneur de la capitale qui vient de donner environ 800 œuvres d’artistes luxembourgeois à la Ville d’Esch. »

Du point de vue des synergies, Mosar veut travailler avec les institutions eschoises comme la Kulturfabrik ou le Théâtre de la Ville. Pas uniquement en vue d’événements à la Konschthal, mais aussi en tant que partenaire pour les résidences internationales et nationales planifiées au Bridderhaus. Même si cela non plus, ce n’est pas pour demain : « La structure du Bridderhaus est maintenant totalement à nu, en attente d’être mise aux normes. Ça a l’avantage de nous laisser assez de temps pour mettre en place toutes les dispositions, jurys et partenariats avant que les portes s’ouvrent », estime-t-il.

En d’autres mots, cela vaudra le coup de patienter jusqu’à ce que ces nouvelles structures culturelles fonctionnent à plein temps – en attendant, on se contentera de faire du lèche-vitrines.


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