La rétrospective « des gens et des rues – 100 ans de Pol Aschman » célèbre le photographe qui a su captiver l’essence de l’époque de l’après-guerre jusque dans les années 1980 de manière presque inégalée.
Honnêtement, quand on lit en introduction de l’exposition que le photographe a su développer une « certaine complicité » avec la famille grand-ducale, ça ne fait pas envie tant cela évoque la rigueur et l’affectation des portraits officiels aristocratiques. Mais heureusement, Pol Aschman n’est pas un photographe comme les autres, et l’époque était aussi bien différente. Dans les photos dédiés à la famille grand-ducale, on peut découvrir des moments qu’aujourd’hui aucun magazine ne daignerait reproduire, comme un magnifique cliché de la grande-duchesse Charlotte et du président Pompidou, clope au bec tous les deux.
Mais Pol Aschman n’a pas été uniquement photographe de cour, loin de là. Son sujet de prédilection, ce sont les portraits pris à la dérobée – qui font l’impression de ne pas avoir été posés, au contraire des photos de presse qui figurent aussi dans l’exposition. On peut y voir des gens de toutes les classes sociales, des jeunes femmes derrière des volants de voitures, des nonnes, des gosses des faubourgs de la capitale qui jouent, des ouvriers et des ouvrières. Aschman possédait le don de capturer le bon moment, qui délivre l’instant et qui fait que même des décennies plus tard, le public qui le regarde a l’impression d’y être. Plus intéressant encore, il montre une capitale luxembourgeoise avant la conquista des blocs de béton et de verre qui l’amochent tant de nos jours – et qui avait aussi son tramway bien à elle.
Le photographe, dont on devine la démarche caustique, pose lui-même dans certains de ces clichés, en tant que contrôleur dans le tram ou en tant que colporteur dans les rues des petites gens. C’est notamment cela qui donne cet esprit un peu tatiesque à ses clichés, cette présence bienveillante du capteur d’image que l’on ressent, ou devine derrière sa caméra.
Les photographies prises pour les médias avec lesquels il a collaboré, notamment la Revue et le Luxemburger Wort, reflètent un autre Luxembourg en train de naître dans les années 1960 et 1970. Les photographies prises dans les nouveaux bâtiments du Kirchberg émergeant nous paraissent aujourd’hui comme des coulisses de films rétros. Ou encore celle en noir et blanc d’un ingénieur manipulant une énorme table de commandes du barrage de la Sûre, qui pourrait être sortie d’un film de propagande soviétique, si elle aussi n’était pas baignée dans l’atmosphère chaude qu’Aschman savait créer. Même un cliché pris dans les rues inondées de Remich gagne en humanité par sa composition en trois profondeurs et une touche comique : un homme au premier plan, dont les contours flous peuvent indiquer un képi de marin.
Finalement, ce sont les portraits de l’insouciance enfantine qui dominent dans l’exposition, tant il semble que le photographe avait une prédilection aussi bien dans les reportages photo que dans les œuvres commanditées pour ce sujet. Il y a des courses à bicyclette ou en bolide, des enfants qui achètent du lait au vendeur ambulant ou qui jouent tout simplement dans les cours de récréation. Aschman a réussi à capter leur énergie sans, une fois encore, donner l’impression d’avoir composé ses images.
Toutefois, en parcourant les salles d’exposition, un aspect manque : le sud industriel du pays ne se retrouve presque pas dans les photos choisies par le neveu du photographe, Christian Aschman. Est-ce parce qu’il n’y a pas de telles photos ou parce que le Cercle Cité est une institution de la capitale ? Le doute plane, mais si des clichés existent, il serait très intéressant de les voir.
Jusqu’au 26 septembre au Cercle Cité.
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