Photographie : Mieux vaut seules que…

Le Mudam présente « Enfin seules », une expérience muséale centrée sur la vie terrestre sans animaux ni êtres humains, où l’existence est surtout végétale.

Photos : Nuno Lucas da Costa

La huitième édition du Mois européen de la photographie poursuit son envol et s’offre la galerie ouest du rez-de-chaussée du Mudam. Pas moins de 200 photos – sans parler des 45 papiers peints surdimensionnés – y sont exposées et placées sous le thème de la présente édition, « Rethinking Nature/Rethinking Landscape ». Il importe d’emblée de souligner que les photos appartiennent toutes à la collection londonienne Archive of Modern Conflict, créée par Timothy Prus, curateur de l’exposition. Fondée en 1992, cette organisation figure parmi les plus importantes collections photographiques du monde. Elle abrite pas moins de huit millions d’images. Celles qui ont été prêtées au Mudam sont l’œuvre d’une pléiade de photographes, les uns canonisés par leurs pairs, les autres restés dans l’ombre. À eux seuls, ils parviennent pratiquement à couvrir l’histoire de la photographie depuis ses débuts, au milieu du 19e siècle, jusqu’aux années 1970.

Au premier abord, le visiteur et la visiteuse prêteront sûrement plus attention aux gargantuesques papiers peints imprimés de l’expo. À tort, car il et elle finiront par découvrir un grand nombre de photos émanant de personnalités passionnées non seulement par la photographie, mais également par la botanique, les sciences, les mathématiques, l’astronomie ou encore la peinture. Néanmoins, il est surtout question du monde végétal, notamment à travers une multitude d’images florales, de champignons, de troncs d’arbres, de fougères et de toutes sortes de plantes. Tous ces êtres végétaux semblent ainsi nous ouvrir les portes de leur intimité, et même la banale photo d’un chou acquiert son importance dans la hiérarchie du monde végétal. Par moments, l’expo prend des tournures de cours de biologie sur les plantes, et lorsque quelques rayons de soleil envahissent l’espace du Mudam, la photosynthèse s’invite aussi.

Au milieu du parcours, on verra également quelques précieuses raretés : une carte postale datant de 1927 affichant un coup de tonnerre pendant un orage en Afrique du Sud ou une photo de 1880 montrant des stalactites. On notera également la présence de photos injustement réduites, jaillissant au milieu des papiers peints à grande échelle et dévoilant des aurores boréales. Ces prises de vues, appartenant au mathématicien et astrophysicien Frederik Carl Mülertz Størmer, datent de 1926 et nous proviennent de stations d’observation norvégiennes. D’autres clichés émanent de l’objectif de noms tels que Charles Nègre, Willy Ronis, Josef Sudek, Brassaï ou encore Lee Miller. La doyenne de l’expo est la botaniste et photographe Anna Atkins (1799-1871).

« Enfin seules » a cette particularité de ne pas contenir de messages à caractère politique, économique, social, sociétal ou encore sanitaire. Le visiteur et la visiteuse sont juste invités à contempler et à déambuler, tel un Jean-Jacques Rousseau dans ses « Rêveries du promeneur solitaire ». L’espace devient un vrai havre de paix clos et ferait le bonheur des pratiquants du zen ou d’autres courants de méditation. Le commissaire de l’expo Timothy Prus, quant à lui, nous pousse subliminalement à méditer sur la possibilité d’une existence sans êtres humains ou animaux. À chacun et chacune de construire sa propre théorie. Cela dit, à l’origine, les plantes et les animaux n’avaient nul besoin de l’homme pour exister. L’inverse ne serait pas viable, encore aujourd’hui.

Jusqu’au 19 septembre au Mudam.

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