Photographie
 : Nature branding


von | 13.12.2017

L’exposition itinérante « Nature’s Luxembourg », constituée de photographies de Raymond Clement, pose ses valises une nouvelle fois au grand-duché, dans la galerie Am Tunnel. Nation branding artistique assumé, mais heureusement un peu plus.

(Photo : Raymond Clement)

C’est un lieu idéal pour cette exposition : dans les vastes couloirs de la galerie Am Tunnel, les clichés de larges dimensions de Raymond Clement, souvent des paysages sous forme de panoramas, semblent s’étirer paresseusement, parfaitement à l’aise. Ici, c’est évidemment le vert qui domine. La couleur qui convient aux trois parcs naturels du Luxembourg, lieux de prédilection du photographe et qui représentent un bon tiers de la surface du pays. Mais les choix esthétiques de Clement, connu également pour son autre exposition itinérante depuis 1975, « Family of Jazz », sont suffisamment solides pour donner une cohérence à l’ensemble.

Parmi ces choix, celui du traitement de l’image après capture. Parfaitement assumé d’ailleurs, puisqu’il est même évoqué dans l’introduction du curateur Paul Bertemes. De fait, les couleurs des photographies sont soigneusement rehaussées, au point parfois de les transformer en quasi-peintures – jusqu’à un monochrome pour un paysage largement enneigé. Si Clement guette la lumière rasante qui exacerbe les contrastes de teintes, il s’autorise donc à la recréer lorsque nécessaire. C’est pourquoi cette nature luxembourgeoise est finalement peu naturelle ; elle constitue plutôt une représentation idéalisée surfant sur la vague des images retouchées qui ont récemment fleuri sur les réseaux sociaux.

Est-ce à dire que cette exposition n’est qu’un leurre pour appâter des touristes d’affaires ? Après tout, le site en ligne de l’exposition est même traduit en japonais et en vante les vertus de socialisation pour les clients de sociétés assez fortunées pour la louer. Ce serait cependant faire fi des qualités de cadreur de Clement et de son obsession pour la netteté à tous les plans. Le photographe a suffisamment d’expérience pour composer des clichés qui attirent irrémédiablement l’œil. Souvent, un petit détail, fleur ou botte de foin, permet de mieux apprécier l’infini du paysage. Mais les femmes et les hommes ne figurent pas dans « Nature’s Luxembourg ». Assez peu d’éléments artificiels, éoliennes ou poteaux électriques mis à part, sauf s’ils s’intègrent dans un ensemble naturel, comme le barrage de la Haute-Sûre.

Avec une sorte de fixation sur la brume, qui chemine dans la campagne grand-ducale à l’instar du fameux « serpent de Maloja » dans les Alpes suisses, Clement imprime à ses larges panoramas une dimension spirituelle qui dépasse le simple nation branding. Il est d’ailleurs moins convaincant dans ses photographies de détails (roches, pistils, formations de glace, etc.), où les limites de la retouche rendent les images plus banales, même si quelquefois le mouvement s’installe – notamment dans des sillages de bateaux. Le photographe est au mieux de son art quand il capture l’immobilité et l’immensité.

Certes, l’exposition est largement vendue comme un concentré de ce que la marque Luxembourg peut offrir dans le domaine de la nature, et cela d’autant plus que le lieu appartient à une entreprise d’État emblématique. Mais au-delà de cette iconographie politique, les photographies de Raymond Clement forcent la réflexion de quiconque sait dépasser le premier regard. Elles permettent de relativiser la place de l’être humain dans la 
nature, tout en reconnaissant que cette relativisation s’opère, comme souvent, à travers l’artifice de la technique. De quoi gamberger pendant une prochaine balade dans un des trois parcs nationaux, bien entendu.

Dans la galerie Am Tunnel, 
jusqu’au 18 mars prochain.

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