Photographie : Raconte-moi ton été

Un air estival s’invite à l’Institut Camões. En quinze photos, 
Tito Mouraz nous emmène sur les plages fluviales portugaises.

Photo : Tito Mouraz

Tito Mouraz, né en 1977, vit et travaille à Porto. Il a parcouru, de 2011 à 2018, les haltes de son enfance dans sa région natale de la Beira intérieure. Sa dernière expo, « Fluvial », est une sorte d’hommage aux étés que le photographe a vécus dans un autre temps sur les rives de paisibles cours d’eau aux attraits bucoliques. Une bonne alternative aux stations balnéaires, assaillies par les hordes de touristes saisonniers, qui font du mètre carré libre et aéré une rareté. Par contagion, ce sont aussi les souvenirs de nos étés d’antan qui reviennent, nos gamineries, les frayeurs de quelques jeux et, bien sûr, les premiers petits flirts. S’agissant d’espaces naturels des régions de l’intérieur du Portugal, nous sommes également loin des feux de forêt qui annuellement consomment une des richesses du pays pendant cette période de l’année. Ce travail de Tito Mouraz s’inscrit dans le cadre de la huitième édition du Mois européen de la photographie.

L’artiste portugais observe aussi bien les éléments naturels que la présence humaine, construisant ainsi une fiction aux accents de « land art ». Ses quinze photos de grand et de moyen format dégagent toutes une aura de sincérité et simplicité sans grands truquages numériques. D’ailleurs, les photos ont été prises en argentique, car le photographe dit apprécier « le côté imprévu de l’analogique ». De par la limpidité quasi virginale des reflets des eaux, il semble que Tito Mouraz ait légué la mission de photographier les cieux aux cours d’eau eux-mêmes. Ici, il n’est pas non plus question de modèles fades en maillots de bain, mais on peut voir au contraire une baigneuse sortie de nulle part partageant son état de grossesse avancé, célébrant l’avènement de la vie dans un cadre idyllique. On retiendra également la photo affichant un bambin avec son petit bateau gonflable et s’imaginant, qui sait, en Vasco de Gama ou encore Magellan, prêt à explorer les confins les plus improbables du globe. On retiendra inévitablement l’une des photos les plus prisées de l’expo, celle montrant l’apparition d’une autre baigneuse cachant pudiquement la moitié de son visage derrière le feuillage d’un arbre… ce qui n’est pas sans amplifier le charme de cette mystérieuse nymphe. Dans la plupart des cas, les modèles sont tout simplement des personnes issues de l’immigration portugaise qui tous les étés retournent au pays, et qui se sont fait surprendre par l’objectif.

L’expo « Fluvial » semble par moments être un prolongement du film du franco-portugais Miguel Gomes sorti en 2008, « Ce cher mois d’août » (« Aquele querido mês de agosto »). De ces deux œuvres, il émane cette quête permanente de la diaspora portugaise, répandue à travers les cinq continents, d’un jour revenir dans ce recoin de la péninsule Ibérique, malgré ses persistantes failles systémiques et le mépris dont certaines régions font l’objet. En ce qui concerne le mois d’août, une incursion au pays lors de cette période annuelle est non négociable pour un grand nombre de citoyens portugais. Certaines régions vidées de leur population revivent ainsi littéralement. Cela dit, « Fluvial » imprimera une sympathique bouffée d’air au visiteur et à la visiteuse, d’origine portugaise ou non, et une insatiable envie de s’adonner aux plaisirs aquatiques cet été, lequel s’approche finalement un peu de la normalité : une coulée douce après une période salée.

Jusqu’au 19 juillet au Centre culturel portugais – Institut Camões.

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