Le MNHA consacre actuellement une rétrospective au grand sculpteur Art nouveau.
Le projet de Xavier Bettel de créer une galerie nationale d’art luxembourgeois a essuyé beaucoup de critiques, parfois injustifiées. Des destins comme celui de Jean Mich, sculpteur Art nouveau prolifique dont on ignorait jusqu’à récemment encore la date et le lieu de décès, illustrent une nouvelle fois que le Luxembourg n’est pas une terre aride et stérile, mais un pays sans passion, sans mémoire, amoureux du néant, mais d’un néant mortifère, un pays qui souffre d’un complexe d’infériorité tel qu’il nie les efforts de celles et ceux-là mêmes qui créent. Un musée aurait pour le moins le mérite de montrer que non, le Luxembourg n’est pas une prison et qu’il y a eu des singularités qui, avant nous, n’ont pas cédé sur leur désir.
Jean Mich naît à Machtum le 13 septembre 1871. Il est d’abord apprenti dans la menuiserie de son père. À l’âge de 23 ans, il part à Paris apprendre la sculpture. Il fréquente d’abord les cours de dessin pour adultes offerts par la Ville de Paris. Deux ans plus tard, il intègre les Beaux-Arts, où il suit les cours de Gabriel-Jules Thomas, Jean-Antoine Injalbert ou encore Félix Charpentier. Il habite d’abord au 88 boulevard de Port-Royal, mais change souvent d’adresse, en moyenne tous les deux ans. Il expose pour la première fois au Salon des artistes français, en 1897 et l’année d’après au Luxembourg.
En 1900, il loue un grand atelier avec logement, avenue Gambetta dans le 20e arrondissement, mais deux ans plus tard emménage rue Campagne-Première, « le » rendez-vous des artistes de l’époque. On y trouve Modigliani, Max Jacob ou encore Rilke. Mich les a-t-il rencontrés ? Une chose est sûre, le Luxembourg semble avoir été pour lui une sorte de base arrière. Car c’est ici et non à Paris, semble-t-il, qu’il reçoit ses plus grosses commandes. Vitrail dans les escaliers du Cercle municipal, monument au compositeur Laurent Ménager…
En 1910 pourtant, il part en Chine, avec son ami Eugène Ruppert, industriel luxembourgeois, employé de l’aciérie de Hanyang. Jean Mich y est chargé de réaliser le monument au défunt vice-roi. Il revient au Luxembourg la même année pour participer à l’Exposition universelle de Bruxelles. Un an plus tard, la révolution éclate en Chine. Le monument en hommage au vice-roi ne sera jamais réalisé. Eugène Ruppert et Jean Mich sont évacués à bord d’un navire autrichien. De retour au Luxembourg, il réalise les deux sculptures flanquant l’entrée principale du nouveau bâtiment de la Banque et caisse d’épargne de l’État.
Comme à Paris, Jean Mich change souvent d’adresse. En 1914, il réalise le bronze pour le monument en hommage à John « Hercule » Grün à Mondorf-les-Bains. Puis, la guerre éclate en Europe. Jean Mich partage sa vie entre Paris, Luxembourg et la Suisse. Lors d’un de ses déplacements en Helvétie, avec son ami sculpteur Auguste Trémont, il aurait même fait passer des documents secrets. Jean Mich, agent des Renseignements ?
En 1917, pendant que la boucherie se poursuit, il est à Nice. Très francophile, il réalise des médailles dont la vente doit revenir aux prisonniers de guerre français. Parcours singulier pour le fils d’un menuisier prussien, qui d’ailleurs semble avoir rompu avec les siens et son pays peu de temps après, apparemment parce qu’il n’a pas remporté le concours pour réaliser sa « Gëlle Fra ». Il crée alors à Paris, où il est retourné vivre définitivement, une entreprise de construction. En 1928, Jean Mich expose une dernière fois au Salon d’automne de Paris. Il décède à Arcueil, en 1932. Il est inhumé dans le caveau familial des Chabeau, mais la tombe a aujourd’hui disparu.
Jusqu’au 31 mars.
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