INSTALLATION VIDEO: L’éternel féminin

En entrant par la porte arrière de la galerie Nosbaum&Reding, vous croyez d’abord vous être trompés d’adresse. Même si la gentille secrétaire vous y a guidés tout à l’heure – tout en mentionnant que le lieu était surveillé en permanence par une caméra vidéo, ce qui lui donnait un petit air omni-scient – vous vous croyez d’abord dans une de ces expositions faite par des lycéens pour des lycéens. Collages et brouillons sur les murs. Des yeux, des seins et des insectes copiés-collés à partir de magazines divers juxtaposés à des dessins pas ou mal terminés. Tout cela a l’air d’un projet. Vous cherchez en vain le „box spécial“ conçu pour montrer „Venusia“ d’Aline Bouvy et de John Gillis. Et puis, une musique s’introduit dans votre oreille. Des synthés qui émulent de la musique classique et plutôt lourde. Cela rappelle un peu la bande originale d’„Orange mécanique“ et d’un oeil inquiet vous scrutez les murs pour détecter la caméra de vidéosurveillance – unique lien avec l’extérieur depuis que la lourde porte en bois vient de se fermer derrière vous.

Et puis vous finissez par trouver. Là, dans le coin d’où vient la musique il y a un rideau noir et derrière celui-ci une chaise unique et inconfortable. Et pourtant elle n’attendait que vous, spectateur.

C’est aussi à ce moment que les collages et brouillons commencent à faire sens. Les images qui étaient figées aux murs blancs hors du box sont en mouvement maintenant et font partie d’un tout. Disons-le directement: d’un point de vue formel „Venusia“ est surtout intéressant parce qu’elle mêle des techniques. La plus vieille est le montage d’images découpées – dont les effets comiques et absurdes sont connus du moins depuis Monty Python. La plus récente est le traitement digital de l’image. Le mélange des deux est plutôt incongru et peut laisser perplexe. Surtout à cause du montage complexe et hyper rapide des images qui visent à dépasser l’oeil humain.

Le contenu de la vidéo reste fidèle à son titre: il n’y a aucun corps masculin qui apparaît sur l’écran. Par contre celui de la femme y est décliné comme un verbe et cela à une vitesse à couper le souffle. Un peu comme si vous vous amusiez à réciter votre vieux Bécherelle en dix minutes. La femme y est adorée, démontée (dans une séquence qui rend hommage à la femme-robot dans „Métropolis“ de Fritz Lang), elle se décompose et se recompose, vomit du sang noir pour finalement ressurgir entière dans la lumière et disparaître. Le tout sur une boucle de musique lourde comme nous venons de le mentionner. C’est beau à voir mais le sens échappe aussi vite que les images changent.

En clair: „Venusia“ est définitivement une vidéo spectaculaire et intéressante, même si elle n’apporte pas grand chose de nouveau à l’art contemporain. A voir.
Jusqu’au 20 octobre à la Galerie Nosbaum&Reding.


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