Comment décrire une oeuvre d’art qui n’est ni tableau, ni installation spatiale ? C’est toute la difficulté qu’on éprouve pour cerner l’oeuvre de Hong-Kai Wang exposée en ce moment dans l’aquarium du Casino à Luxembourg. Cette jeune Chinoise de 39 ans a opté pour une approche non visuelle de l’art avec son work-in-progress intitulé « Music While You Work ». Dans l’aquarium même, le visiteur ne trouvera que des tapis en plastique – ceux de la sorte qu’on utilise dans la plupart des usines – ainsi que des enceintes qui émettent des sons assez bizarres : des bruitages, pourrait-on croire.
Ce n’est qu’en prêtant les oreilles plus attentivement à ce qu’on entend, que le mystère sur cette installation s’éclaircit. On peut y entendre des voix, des voix d’ouvriers pour être plus précis. En effet, Hong-Kai Wang a visité pour son work-in-progress pas moins de huit entreprises luxembourgeoises dont ArcelorMittal, Chaux de Contern, Delphi et Husky.
Dans les halls de fabrication de ces grandes entreprises, l’artiste – en résidence au Casino le temps de son travail – s’est baladée avec ses microphones afin de capter l’atmosphère du travail quotidien et de détecter les spécificités. Son montage met surtout l’accent sur le multilinguisme en pratique dans les entreprises grand-ducales, qui est en quelque sorte unique en Europe, comme dans le monde.
Cette bande-son prend tout son sens si on saisit le contexte du titre de l’oeuvre « Music While You Work ». Dans les années 40, ce fut aussi le titre d’une émission de la BBC qui tournait pendant les heures de travail et émettait surtout de la musique légère et gaie, sensée motiver les ouvriers et augmenter leur productivité. Ce qui ajoute une dimension politique à l’oeuvre de Hong-Kai Wang. Car ce qu’elle fait est l’exact retournement de la « propagande » diffusée par la radio publique anglaise – elle redonne la voix aux ouvriers et rend hommage à leur environnement sonore en en faisant son installation. Car ainsi le monde du travail manuel et dur pénètre – par l’entremise de l’artiste – dans les halls clairs, lumineux et propres du Casino. C’est une installation contre l’oubli ou l’ignorance de ce monde du travail physique et en même temps une valorisation de ce dernier.
En d’autres mots : la première résidence d’artiste au Casino est une franche réussite, autant par son interactivité que par son investissement local. A aller écouter !
Au Casino jusqu’au 5 septembre.
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