Pour « Casino Incaos », le Casino a donné une carte blanche totale à l’artiste Bruno Peinado pour plonger ses salles de fond en comble dans le chaos – du moins en apparence. Et l’apparent c’est ce qui semble être une des spécialités de Peinado. D’abord de par sa volonté d’être dominant et ostentatoire dans les lieux où il expose, ou, mieux formulé, dans les lieux qu’il expose à sa façon. Comme le montre l’écriture lumineuse du Casino, qui, l’un ou l’autre l’a peut-être déjà remarqué, a été quelque peu changée par Peinado. De « Casino », il en a fait l’anagramme « Incaos ».
La même impression prévaut à l’intérieur. Les deux hautes tours de pneus blanchis qui dominent désormais le hall d’entrée évoquent des colonnes de temples antiques. Tandis que les murs transpercés des deux côtés par l’artiste rappellent plutôt le chaos, invoqué dans le titre de l’exposition.
Donc, si chaos il y a, il est dynamique et plutôt orienté. Certes, beaucoup de personnes – et votre honorable serviteur compte parmi celles-ci – sont devenues allergiques à cette approche de l’art trop volontariste, trop « anything goes ». Mais pourtant, avec Bruno Peinado, on a vite l’impression que derrière l’apparence volontairement dépourvue de sens se trouve une mise en scène savamment ficelée. Comme le démontrent déjà les titres de ses pièces : toutes commencent par le classique « Sans Titre », mais derrière cette formule – vidée par l’abus de générations entières de pseudo-artistes sans idées véritables – Peinado met une description aussi simple qu’efficace de l’oeuvre en question.
Parmi les pièces qui interpellent le plus, comptent ses travaux sur néon qui décorent les murs dans presque toutes les salles – et qui semblent d’ailleurs être un peu le fil rouge de la mise en espace de Peinado.
A côté de slogans aussi simples qu’efficaces comme « You Are Listening To Silence », d’autres sont tout simplement tirés de la « vie » dans le numérique, comme les trois « Captcha » qui ornent la première salle du premier étage. Détail assez troublant : tous les néons sont inscrits à l’envers. Ainsi, ils perdent leur côté ostentatoire mais restent néanmoins lisibles – quoiqu’il faille faire quelques efforts. Une autre pièce – monumentale celle-là – orne la salle principale du premier étage : une sorte de gigantes-que puzzle en trois dimensions et en couleurs envahissant la vue du spectateur. Cette pièce à couper le souffle, oppose le ludique à l’agressif et donne ainsi une idée des énergies qui se débattent dans le chaos originel créé par l’artiste et dans lequel il semble créer. Car finalement, les idées de Peinado sont plutôt classiques : toutes ses pièces fonctionnent par correspondances – baudelairiennes (?) – et par connotations. Et comme l’a remarqué le curateur Kevin Muhlen dans son texte accompagnateur, le chaos existe déjà dans les « Métamorphoses » d’Ovide comme source de l’univers.
Ainsi, « Casino Incaos » est une exposition à mi-chemin entre l’aspect ludique de l’art post-moderne – qu’il met pourtant en question – et une approche plus politique de l’art qui semble se rapprocher plus de l’art contemporain. Pari réussi, mais pas à cent pour cent.
Jusqu’au 9 janvier 2011.
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