Qu’une pratique artistique soit possible sur internet, n’est pas un fait vraiment nouveau. Des collectifs comme « UBERMORGEN.com » le démontrent depuis presque une décennie. Mais cet art avait cela de particulier qu’il ne s’introduisait pas dans les musées. C’était même une de ses conditions d’existence, cette anti-muséalité poussée : une condition qui déterminait aussi bien la forme de cet art, qui se passait souvent de représentations orthodoxes de leur créativité en privilégiant des campagnes sur la toile, ce qui frôlait souvent l’illégalité. C’est par définition un art qui ne dépend plus d’un lieu ou d’un espace précis.
L’exposition actuelle « AFK (Away from Keyboard) » essaie de changer la donne et d’ouvrir le monde de l’art sur et avec internet au grand public, tant il est vrai que les mouvements artistiques de ce genre restaient réservés à un public averti. Pour faire office de curateur, l’équipe du Casino a invité le collectif français « Human Atopic Space » qui explore depuis quelques années les limites entre art et espace virtuel. Mais qu’est-ce que cela donne ?
Des oeuvres atypiques et drôles comme par exemple « Gossip Bots » du trio Paul Chavard, Julien Levesque et Nicolas Sordello. Le fonctionnement de cette installation est simple : deux ordinateurs qui comportent des « Chat Bots » communiquent. Un « Chat Bot » n’est pas un chat botté mais un programme qui sait imiter la conversation humaine sur des systèmes de messageries instantanées, comme les chats. Ces robots virtuels mènent une conversation avec les humains qui, la plupart du temps, ne savent pas qu’ils sont en train de communiquer avec une machine. Dans « Gossip Bots », les créateurs ont mis en relation deux de ces robots virtuels et montrent leur conversation permanente sur deux écrans. Le résultat est un gazouillis absurde qui aurait fait craquer même un Samuel Beckett. En d’autres mots : sans composante humaine, les ordinateurs restent toujours perdus et stupides et l’intelligence artificielle n’est pas encore pour demain.
D’autres installations touchent à un sens plus profond, comme « A petits pas vers l’Annonciation » d’Albertine Meunier. Ici, l’interface est composée de petites bouteilles contenant des figurines de danseuses. De temps en temps, celles-ci se mettent à bouger sur une musique fantôme. Mais ce n’est pas par hasard : l’installation est connectée en permanence au portail Twitter et à chaque fois qu’un mot-clé programmé d’avance tombe, une danseuse s’anime. Puis, chose intéressante, on peut faire de l’art virtuel sans électronique. Comme le démontre Flavien Théry avec ses « Lunettes ». Par un simple effet d’optique, il réussit à déformer la vision de l’utilisateur de façon assez inattendue…
On l’aura compris : « AFK (Away from Keyboard) » n’est pas une exposition comme les autres, c’est une vraie découverte. A voir absolument.
Au Casino Forum d’Art Contemporain, jusqu’au 1er mai.
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