Alberto Caceido est un musicien qui se donne corps et âme aux sons qui l’ont bercé depuis son enfance : ceux de la salsa. Depuis septembre 2011, il vit au Luxembourg.
C’est la fin juillet et enfin le soleil pointe son nez et les températures commencent à retrouver leur harmonie avec la saison indiquée sur les calendriers. C’est pourquoi le rendez-vous pris avec Alberto Caceido et sa femme Jeanne Schmartz – qui est en même temps sa manager et une percussionniste d’exception, a été déplacé en terrasse sur la place de Paris devant quelques bières bien fraîches.
Le parcours d’Alberto Caceido pourrait aussi bien figurer dans un manuel de la parfaite intégration, tant son histoire tient aussi bien d’un conte de fées que du parcours du combattant. Né en 1974, à Guapi en Colombie pas trop éloigné de la côte pacifique, Alberto Caceido commence très tôt à s’intéresser à la musique : « C’est en jouant et en chantant avec les enfants de la rue que tout a commencé pour moi », raconte-t-il, « A l’époque, Guapi était un village où de temps en temps passaient des musiciens traditionnels, alors qu’aujourd’hui, c’est une ville de quelques 30.000 habitants. J’y ai fait mes premiers pas sur la guitare, tout comme je me suis mis au chant ». A côté de la rue, il n’y avait pourtant aucun moyen d’apprendre la musique : « J’ai juste terminé mon parcours scolaire sur place. Après cela, il a fallu que je quitte mon village natal à la recherche d’un moyen de vivre pour et de ma musique ».
« A Rotterdam, c’était vraiment le début d’une nouvelle vie pour moi. J’ai pu m’inscrire au Conservatoire de la ville pour apprendre à vraiment écrire la musique et à composer. »
C’est à Cali, que la plupart des Européens identifient sûrement au fameux cartel de la drogue qui y régnait – ou règne encore – que le destin amène Alberto Caceido. Mais cela ne tient pas du hasard, car en Amérique du Sud, tout comme chez tous les passionnés de salsa, Cali est connue pour être la capitale mondiale de la salsa. « J’ai vite commencé à travailler en tant que musicien à un niveau semi-professionnel, voire vraiment professionnel ». En ces temps, les engagements ne manquaient pas et Alberto Caceido a eu l’occasion de se former à d’autres instruments, comme le piano ou les percussions. Mais toujours, il n’y avait aucun moyen d’apprendre les bases « sérieuses » de la musique. Ce qui ne l’a pas empêché de partager son savoir-faire avec des jeunes désoeuvrés : « J’ai enseigné la musique en bénévolat pendant trois ans dans un centre culturel à Cali. Il y avait beaucoup de jeunes hommes qui risquaient de sombrer dans la drogue et la criminalité. Et certains d’entre eux sont devenus aujourd’hui des musiciens connus dans le monde entier. Ce qui me rend très heureux d’avoir pu y participer ».
Pourtant, la vie à Cali, même si elle est emplie de musique et que les engagements ne manquent vraiment pas, est loin d’être paradisiaque. « L’argent ne suffisait pas vraiment pour bien vivre, juste survivre et puis vu que la ville regorge de musiciens talentueux, la concurrence est vraiment rude ». C’est pourquoi il profite en 2000 d’un engagement en Allemagne à Hanovre – plus précisément pour ne pas monter dans l’avion qui devrait le ramener en Colombie. Sur son site, l’épisode est raconté plus en détail : avec quatre autres musiciens de son groupe, Alberto Caceido décide de tenter sa chance en Europe, avec comme seuls bagages leurs instruments et quelques habits, ainsi que des visas de touristes valables à peine quelques mois. Par hasard, ils se retrouvent à Rotterdam aux Pays-Bas.
« Je chante surtout sur l’amour et les gens que je connais. Mais aussi sur les lieux que j’habite ou desquels je viens. Sur le nouvel album, la première chanson ‚Amo a mi Tierra‘ par exemple, est un hommage à mon village d’origine et à la Colombie. »
« A Rotterdam, c’était vraiment le début d’une nouvelle vie pour moi. J’ai pu m’inscrire au Conservatoire de la ville pour apprendre à vraiment écrire la musique et à composer », se rappelle-t-il. En même temps, cette inscription lui permet de se régulariser face aux autorités européennes. Pendant cinq ans, Alberto Caceido va donc se consacrer aux études et surtout apprendre à écrire la musique, sa musique surtout. « Avant, en Colombie par exemple, je composais déjà, mais pas de façon très professionnelle. J’expliquais aux musiciens ce que je voulais et puis on mettait tout ensemble. C’étaient plutôt des jam-sessions orientées que des vraies compositions », sourit-il.
Car, une chose qu’on remarque tout de même derrière le visage souriant et la rhétorique modeste d’Alberto Caceido, c’est que cet homme a des ambitions et qu’il a des choses à dire. Ainsi, sur son dernier album en date « A Corazón Abierto », toutes les compositions et arrangements viennent de lui. Sauf la première, qui est un réarrangement d’une
chanson populaire. « C’était important pour moi de pouvoir m’exprimer par ma musique et mes paroles surtout. D’ailleurs, sur l’album d’avant, `La voz de Colombia‘, c’était similaire, la majorité des compositions venait de moi. Je me vois essentiellement en tant que compositeur et chanteur. Même si je suis conscient du fait que jouer les différents instruments procure des avantages incomparables ».
Mais la différence principale entre les deux albums est que le second a été édité sans label et ne profite que d’un distributeur. « L’ancien label n’était pas la meilleure chose pour nous », explique-t-il, « Ils ne travaillaient pas vraiment à notre carrière. C’est pourquoi on a décidé de sortir du contrat et de prendre les choses en main. De toute façon, c’est mieux ainsi, on a tout sous contrôle ».
« Avant, en Colombie par exemple, je composais déjà, mais pas de façon très professionnelle. J’expliquais aux musiciens ce que je voulais et puis on mettait tout ensemble. »
Quant au contenu de ses textes, Alberto Caceido ne sort pas du sillon de la salsa, donc pas de revendications politiques, ni de chansons trop tristes : « Je chante surtout sur l’amour et les gens que je connais. Mais aussi sur les lieux que j’habite ou desquels je viens. Sur le nouvel album, la première chanson `Amo a mi Tierra‘ par exemple, est un hommage à mon village d’origine et à la Colombie. Une autre est dédié à ma mère et puis il y en a une pour ma femme aussi, évidemment. Dans d’autres chansons encore comme `La vida llegó‘ je chante surtout pour faire danser les gens, pour qu’ils passent un bon temps avec ma musique ». Par conséquent, la vision musicale d’Alberto Caceido ne s’éloigne pas trop de celle de la salsa traditionnelle, quoiqu’il concède qu’au fur et à mesure qu’il vit en Europe, d’autres influences entrent dans ses compositions : « C’est normal que cela m’inspire, mais en même temps, toutes mes compositions sont dans le rythme de la salsa ».
Et le Luxembourg ? « Je commence à m’habituer ici », déclare-t-il. Il vient effectivement de faire ses premiers pas sur les scènes grand-ducales, notamment lors du Blues and Jazz Festival le week-end dernier. « C’était une ambiance très positive et festive. J’étais très content de voir autant de monde danser sur mon groupe », raconte-t-il. Professionnellement, il n’a pas encore pris vraiment ses racines au Luxembourg, mais reste enseignant au Conservatoire de Rotterdam. « Pourtant à partir de septembre, je vais probablement commencer à remplacer un collègue dans quelques conservatoires et écoles de musique communales dans le Nord du pays ».
Et puis, une fois l’interview terminée, il raconte qu’il doit partir assez vite : « J’ai un entraînement de football. Je ne suis pas vraiment le meilleur joueur, mais ainsi je peux mieux me socialiser, je pense ». Pour ce coup, sûrement qu’il a raison.
« A Corazon Abierto » d’Alberto Caceido est disponible sur i-tunes et dans les bacs de votre disquaire de confiance. Plus d’infos sous : www.albertocaceido.com
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