Pour la troisième fois, la Kulturfabrik organise l’« Afrika Festival » dans ses bâtiments. Un rendez-vous culturel qui prend de l’ampleur, grâce aussi à sa dimension intégrative.
Depuis longtemps, voire depuis que la politique culturelle existe, la question de la plus-value de la culture subventionnée par le denier public se pose. Pour les plus libéraux c’est un non-sens, tandis que d’autres la revendiquent comme un droit humain. La vérité est comme si souvent quelque part entre toutes ces positions. Si la machine culturelle existante n’est plus à mettre en question, notamment vu que quelques institutions comme la Kulturfabrik ont été obtenues au prix d’âpres luttes – tandis que d’autres beaucoup plus chères ont été construites sans vrai concept – c’est surtout la plus-value des événements organisés qui fait la différence. Tandis que beaucoup d’organisations font dans l’événementiel pur et simple, d’autres mettent sur pied des événements qui répondent à certains critères, essentiels pour la survie du secteur, comme le développement durable de la scène artistique et les dimensions sociale et intégrative.
Un festival qui remplit ces conditions depuis trois ans et qui en plus est un très bel événement est l‘ « Afrika Festival », qui aura lieu le week-end prochain, du 22 au 23 mars, à la Kulturfabrik. Le but de ce festival n’est pas de mettre en scène une vision idéalisée de l’Afrique, mais de travailler sur le terrain, avec des associations luxembourgeoises d’Africains d’un côté et avec des ONG du développement de l’autre. C’est surtout cette dimension qui fait la différence avec les éditions précédentes, comme l’explique Jang Kaiser de la Kulturfabrik, un des organisateurs : « C’est la première fois que nous travaillons ainsi avec des partenaires. D’un côté, nous avons des ONG actives en Afrique comme l’Action solidarité Tiers Monde (ASTM) – qui est notre partenaire principal en ce qui concerne le financement et la logistique – et SOS Faim. De surcroît, les deux associations travaillent ensemble sur des projets en Afrique, donc se connaissent bien. » S’y ajoutent diverses associations luxembourgeoises tenues par des Africains expatriés qui animent entre autres et pendant toute la durée du festival des stands culinaires.
Plus-value communautaire
La différence avec les éditions précédentes se situe aussi au niveau des pays qui seront « visités » : « Pour les festivals antérieurs, nous nous sommes beaucoup concentrés sur l’Afrique de l’Ouest avec des pays comme le Mali ou le Burkina Faso. Mais l’Afrique du Sud était aussi au programme. Cette année par contre, nous nous concentrons sur l’Afrique centrale, avec des pays comme le Congo ou encore la Guinée Conakry. Ces cultures sont en effet très différentes de celles qu’on a déjà eues les années précédentes », raconte Jang Kaiser.
Et en effet, les deux principaux spectacles proposés ont tout pour surprendre le public. Le vendredi 22 mars, le départ sera donné par la troupe Bana Kin. Fondée en 1991 en République démocratique du Congo, le nom de la troupe veut dire en français « Les natifs de Kinshasa frappent le tam-tam ». Leur spectacle rassemble des styles de danses congolaises, des chants et des rythmes qui témoignent tous d’un savoir-faire ancestral que les membres du groupe veulent sauvegarder et transmettre aux générations suivantes. En avant-programme, des élèves du lycée Belval présenteront, sous la direction du danseur sénégalais Sada Diagné, un mélange de deux danses africaines traditionnelles : « Dunumba », la danse des hommes forts, rythme sur lequel les hommes font preuve de bravoure et de force ; et « Djansa », initialement une danse de combat du Mali, qui s’est transformée aujourd’hui en danse de séduction. Un spectacle soutenu d’ailleurs par l’ASTM, qui organise des stages pédagogiques dans ce lycée. De plus, le spectacle sera enrichi par les élèves de Patrick Mayeth (danse africaine), Mostafa Zrika (percussions) et Tebby WT Ramasike (danse africaine) – qui dispensent leurs cours à longueur d’année dans l’enceinte de la Kulturfabrik.
Le jour suivant sera dédié à la Guinée Conakry avec le ballet Won Tan Nara. Oui, vous avez lu juste : un ballet africain, ça existe. Won Tan Nara veut dire « Nous sommes ensemble ! » et ce « nous » rassemble dix danseurs, musiciens et acrobates qui vont sûrement enchanter leur public par des performances époustouflantes, le tout sous le titre « Eclats de danse de Guinée ».
Avec tout ce programme, les espoirs sont permis que cette édition puisse dépasser celles des deux années précédentes. En tout cas, c’est ce qu’espère Jang Kaiser : « La première année, nous avons été très surpris par le nombre de personnes au festival. Entre 500 et 600 festivaliers, cela dépassait largement nos espérances. L’année suivante par contre, nos espoirs de dépasser encore ce nombre n’ont pas été atteints – nous sommes restés stables. C’est souvent une affaire de comment tombent les vacances scolaires, même si, d’expérience, je sais qu’il n’y a pas de règles fixes en cette matière. Pour cette année, pourtant, nous espérons avoir plus de gens, aussi grâce à nos nouveaux partenaires. L’idéal serait entre 700 et 800 personnes, ce qui nous permettrait de rentrer dans nos frais. Et puis, le rêve serait bien sûr d’atteindre les 1.000 personnes, ce qui en deux jours pourrait être jouable. »
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