Les „Tiger Fernandez“ sont, à juste titre, les plus célèbres représentants du rock alternatif luxembourgeois. A vérifier vendredi prochain.
Entre South Park et Britney Spears
(gk) – C’est entourés de „South Park“ et de „Britney Spears“ – pour ne citer que les posters qui n’ont rien à voir avec la musique qu’ils aiment – que „Tiger Fernandez“ répètent à la Kulturfabrik d’Esch-sur-Alzette. Ce soir, ils ne sont pas au complet. Cut, leur bassiste, est absent. Le reste – Sim (chant, guitare), Pi (guitare, chant) et Claude (drums) – du quatuor luxembourgeois n’a pas encore commencé la répétition. Assis en ronde, ils attendent le journaliste venu les interviewer.
Pour commencer, Sim propose d’écouter les derniers enregistrements du groupe. Mais les baffles ne jouent pas le jeu, dégurgitant une masse musicale peu appétissante. „C’est quoi ça?“, déclament les trois gars à l’unisson, un peu embarrassés que ce qu’ils présentent comme nouveaux morceaux, prêts à être masterisés, n’ait plus rien du „noisy-pop-rock“, aux arrangements originaux et aux breaks bien placés, pour lequel ils sont de plus en plus connus. Un CD „normal“ plus tard, il est probable que les haut-parleurs rendent l’âme.
Plus de concours
Mais venons-en au fait et commençons par l’obligatoire: Emergenza. Gagnants de la dernière finale luxembourgeoise, „Tiger Fernandez“ ont fait une dixième place lors de la finale européenne au Taubertal. „On ne veut pas s’engager dans la voie que les groupes Emergenza sont supposés prendre“, commente Sim. „Finir par jouer des covers de ‚Aha‘ pour ‚Viva‘, comme ‚Emil Bulls‘ (ndlr: groupe allemand, troisièmes de la finale européenne d’Emergenza en 1997, qui vient de reprendre ‚Take On Me‘), n’est pas notre truc. De plus, il faut jouer avec le matériel de leurs sponsors par après … Taubertal était une très bonne expérience, mais c’est un festival fondamentalement commercial et on n’y retrouve pas vraiment la scène musicale qui nous intéresse.“ Voilà pourquoi „Tiger Fernandez“ déclarent ne plus vouloir faire de concours à l’avenir.
Il y a une envie certaine de faire plus de concerts à l’étranger. Après avoir joué au festival „Terres rouges“ – „A trois heures de l’après-midi, il devait y avoir entre trois et quatre mille personnes“ -, il est évident que le banquier, le vendeur de CD, l’auxiliaire temporaire de l’Ediff et le (si tout va bien) futur technicien diplômé, ne pourront guère faire mieux dans notre petit Grand-Duché.
Mais justement, en concert, la qualité de leur musique est souvent confrontée à des mixages donnant trop d’importance à la voix, qui devrait plutôt faire un tout avec le reste des arrangements. Sim s’explique: „On est mixé par des gens qui, d’habitude, ne connaissent pas notre musique. Et je n’ai pas assez de technique vocale pour faire face à ce problème à moi tout seul. Mais il est évident que si on n’entend plus que ma voix, la musique devient merdique.“ Pourtant, mixé avec un bon sens de l’équilibre, la voix de Sim représente une poussée émotionnelle supplémentaire dans leurs morceaux, qui persuadent surtout grâce à des instrumentalisations malignes.
C’est que „Tiger Fernandez“ est avant tout un groupe de guitare-rock. Pi continue depuis peu le travail commencé par Gull, parti étudier. Loin des solos traditionnels, il s’agit ici d’élever des riffs poignants joués par Sim à un niveau mélodieux peu commun pour un groupe luxembourgeois. Et il faut bien avouer que la précision minimaliste que Pi atteint avec „Tiger Fernandez“ est impressionnante. Une précision que Claude et Cut savent mettre en valeur avec une section rythmique bien compacte.
Musique democratique
„Tiger Fernandez“ sont devenus ainsi les représentants les plus célèbres du rock alternatif „made in Luxembourg“, dont des genres très variés se retrouvent au sein du label „own records“ (www.ownrecords.com). C’est une initiative de Cut, avec lequel Sim fait partie des membres fondateur du label indépendant. „L’idée, c’est que pour se présenter à l’étranger, on a plus de poids à sept groupes que tout seul.“
„Tiger Fernandez“ finissent la soirée en répétant quatre nouveaux morceaux. Bien sûr, la basse manque pour donner un aperçu complet de leur récente évolution. Malgré tout, ils s’y mettent à fond et Pi chante même des textes à lui durant certains passages. La meilleure preuve que Sim n’est pas le grand leader à petite taille que l’on pensait. „Il n’y en a pas un qui dise aux autres quoi jouer. Chacun joue ce qu’il pense être le mieux“, explique Claude pour décrire une façon de travailler qui semble très démocratique. Quelqu’un propose une idée et puis le groupe en fait un morceau complet.
Leur petite répétition à trois seulement était, en tous cas, assez impressionnante pour ne pas vouloir les rater au complet, le 21 décembre, lors du festival „Sonic Faces“.
Les „Tiger Fernandez“ joueront lors du festival „Sonic Faces“, rassemblant un grand nombre de groupes luxembourgeois, du 20 au 22 décembre à la Kulturfabrik.
„Tiger Fernandez“ un groupe avec esprit d’équipe: „Il n’y en a pas un qui dise aux autres quoi jouer.“ Quelqu’un propose une idée et puis le groupe en fait un morceau complet.
Photo: Christian Mosar