ART VISUEL: Regards sur l’animal

Chacun trouvera son compte en visitant l’exposition sur l’art animalier à la Villa Vauban. A condition de ne pas avoir une allergie mentale à nos amies les bêtes.

Interdit de pleurer. Ultime portrait de Turc, le compagnon de l’artiste.

Aimez-vous les bêtes ? Si oui, précipitez-vous à la Villa Vauban avant le 19 janvier, vous allez adorer ! Sous le nom de « Merci de ne pas nourrir », le Musée d’art de la Ville de Luxembourg a consacré une exposition aux animaux dans l’art. L’éclectisme du sujet contribue à ce que même ceux qui se méfient de l’art avec un grand « A » puissent y prendre plaisir.

Dès la première salle, un diaporama nous fait retrouver de vieilles connaissances : Reenert et lion du Knuedler, moutons du Roude Pëtz, taureau et ours du portail de la bourse et des dizaines d’autres sculptures d’animaux cachées partout dans la ville. De toute évidence, c’est une première raison pour les artistes de prendre comme sujet les bêtes : elles sont décoratives. Dans l’exposition ce type d’oeuvre est assez bien représenté, notamment sous forme de natures… mortes, appelées ainsi même si les chiens, chats et volatiles qui y figurent sont bien vivants. De manière plus inattendue, sont aussi exposées des figurines en porcelaine de chez Villeroy. Fortement stylisées et dans des couleurs fantaisistes, elles représentent parfois une véritable réussite esthétique, mais marquent le point le plus extrême en termes de déni d’identité propre au sujet.

Dénaturés aussi les animaux qui, dans les tableaux allégoriques, prennent le rôle d’humains et font passer un clin d’oeil de la part de l’artiste. Il s’agit d’une pratique ancienne, mais les singes-soldats ou les singes-écoliers sont plaisants à regarder et nous font sourire encore aujourd’hui.

A l’époque où la peinture occidentale découvre la nature pour elle-même, l’animal y occupe une place de choix. C’est ce que documentent les nombreux tableaux idylliques, notamment un duo de chiens ou le trio d’agneaux choisi pour l’une des affiches de l’expo. La passion de la nature allait à l’époque souvent de pair avec la pratique de la chasse. En peinture, l’animal figure aussi bien en tant que proie qu’en tant que chasseur, jusqu’au remarquable portrait de Lise, qui rassemble la chienne de chasse et deux faisans peu effrayés – dans l’oeil du peintre, le plaisir de la découverte de la nature a remplacé celui de sa soumission.

Pourtant, l’animal au service de l’homme donne lieu à de nombreux tableaux d’un autre genre. Ainsi on peut admirer Napoléon Bonaparte trônant sur son cheval blanc préféré sur fond de scènes de guerre, ou une jeune fille posant avec chien et chat dans l’intimité d’un intérieur bourgeois. Plus dramatique, la peinture du king-charles couché sur la tombe de son maître. Parfois enfin, le rapport entre humain et animal « de compagnie » change, et la bête prend le statut de véritable compagnon. C’est ce que nous suggèrent les portraits de Turc, chien du peintre Ary Scheffer, dont celui du chien après sa mort, très émouvant hommage de l’homme à l’animal aimé.

La Villa Vauban présente aussi quelques tableaux plus récents, dont un Chagall, pour les amateurs de cochons verts, et une figurine très réussie de bélier en bronze. Enfin, l’ultime tableau, « Poule 4 » de Dany Prüm, est un grand format qui ressemble à une photo. A part l’allusion au titre de l’expo, cette oeuvre, de par la banalité de la situation représentée, restitue aussi à l’animal le droit d’être représenté en tant que tel.

Pour celles et ceux qui voudraient approfondir le sujet, le musée a concocté un programme de visites guidées, de conférences et d’ateliers, dont on pourra encore profiter en janvier. Pour les enfants, la Villa Vauban propose des visites spéciales, qu’on peut combiner avec des ateliers où les enfants peuvent réaliser des dessins, sculptures ou masques de leurs animaux préférés. Ces ateliers ont lieu sur réservation et s’adressent en premier lieu aux écoles – mais pas seulement. Ainsi par exemple, le programme « animaux rigolos » peut être combiné avec l’offre de fêter son anniversaire à la Villa Vauban (avec gâteau !). Un grand bravo pour la manière dont ce musée allie le sérieux et le ludique !

A la Villa Vauban, jusqu’au 19 janvier.


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