PEINTURE: Premier prix

Transformer la Déclaration universelle des droits de l’homme en oeuvre artistique ? Carlos Puente, artiste espagnol en exposition à la Casa Fabiana, s’y est essayé. Le résultat n’est pas très convaincant.

Soñando sueños, no 11 – Déclaration universelle des droits de l’homme, art. 11.

Carlos Puente, né en 1950 à Santander en Espagne, fait ses études entre autres aux Oficios Artisticos à Madrid. Il devient ensuite enseignant de techniques de céramique à l’Escuela de Artes Aplicadas de San Sebastián. A partir de 1976, il se consacre à la peinture, la sculpture et la céramique dans son propre atelier. De 1989 à 2002, il vit en Italie, à Celle Ligure et plus tard à Milan, où il fréquente la Galleria San Carlo. C’est ici qu’il fait connaissance d’artistes plus connus, comme Pierre Alechinsky, qui fait partie de la mouvance de l’expressionisme abstrait, ou encore Karel Appel, fondateur du mouvement avant-gardiste CoBrA. On peut retrouver l’influence de CoBrA dans toutes les oeuvres de Carlos Puente. Basé sur la spontanéité et l’expérimentation, cette mouvance s’inspire notamment de dessins d’enfants et des arts primitifs, ainsi que des travaux de Paul Klee et Joan Miró.

L’exposition « Soñando sueños » (à peu près : en rêvant des rêves) a pour sujet la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Un par un, Carlos Puente, qui se fait appeler « El Puentea » en dessine les trente articles, avec une naïveté infantile qui est presque admirable. Utilisant formes schématiques et couleurs agressives, l’artiste a une approche décidemment spontanée et se laisse emporter par son intuition et ses émotions. Il voit le sujet à travers les yeux d’un enfant, et dessine ce qui lui passe par la tête. Ainsi, le droit à la libre expression est représenté par quatre bouches, très schématiques, en partie cousues et dont une porte l’inscription « VOX ». Les lettres sont très présentes dans les oeuvres d’El Puentea. Souvent, le sujet de l’article qu’il dessine est repris en majuscules. L’article 3 de la déclaration de 1948, par exemple, qui garantit le droit à la vie, à la liberté et à la sûreté, est représenté par trois personnages portant les inscriptions « Vitan », « Securitaen » et « Libero ». Chacun des trente articles est inscrit dans son intégralité, au stylo, en espagnol, dans les tableaux.

Si Puente utilise autant les mots et les lettres dans ses images, c’est qu’il en a besoin. Il en a besoin, parce que ses images en elles-mêmes n’expriment pas assez. Quand le droit à l’asile politique est représenté d’une façon très similaire à celle du droit à la propriété, on a bel et bien besoin de mots qui soulignent la différence entre les deux. C’est peut-être en effet un des principaux problèmes de l’exposition : l’hétérogénéité de ses trente oeuvres. Les différents éléments reviennent à maintes reprises, sans beaucoup d’innovation et de changements. En gros, pendant toute l’exposition, on a un sentiment de déjà-vu, soit parce qu’il n’y a pas assez de variation, soit parce que l’artiste s’inspire (un peu trop) fortement de peintres connus comme Joan Miró ou Keith Haring.

Ce qui fait que ses tableaux sont tellement infantiles que, à un certain point, on ne peut s’empêcher de penser à un enfant qui aurait participé à un concours de dessin, organisé par une association de défense des droits de l’homme. Avec un peu de chance, il aurait même pu remporter le premier prix.

Jusqu’au 27 janvier.


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