CINENYGMA: Maturité atteinte

Le Grand-Duché a été, pour la première fois, la scène de la remise du prix de la meilleure réalisation européenne du cinéma fantastique, le „Méliès dºOr“. Rétrospective du festival „Cinénygma“.

Que l’Espagne ait été si bien représentée aux „Méliès d’Or“ n’est pas un hasard … Le gagnant du prix européen de cette année est le film „Fausto 5.0“.

„Le cinéma fantastique européen mérite d’être connu et qu’on lui consacre des festivals. Cette année, 80 pour cent des films programmés à ‚Cinénygma‘ étaient des réalisations européennes.“ Romain Roll, directeur de l’équipe responsable de la coordination de „Cinénygma – Luxembourg International Film Festival“, souligne ainsi le fait que les productions américaines menacent de plus en plus la distribution des films européens, dits „fantastiques“ ou „d’horreur“. Voilà pourquoi la „Fédération européenne des Festivals de Cinéma fantastique“, dont le Festival „Cinénygma“ de Luxembourg est membre, a pour but de promouvoir la production audiovisuelle de ce genre de films, notamment par la reprise des „Méliès d’Or“.

Côté „Cinénygma“, Romain Roll continue: „Nous avons également voulu faire connaître plus ce qu’on est en train de faire en Corée et au Japon, des pays qui contribuent à la relance de nouvelles idées. L’objectif principal de notre festival est de donner la chance de voir du cinéma européen de qualité, qui n’est que rarement distribué par les circuits commerciaux.“

Méliès dºOr

Côté „Fédération européenne“, lors de la sobre gala de remise du „Méliès dºOr“, qui a eu lieu le 29 mars dernier, Viviane Reding, commissaire européenne à l’Education et à la Culture et, pour un soir, présidente de cette cérémonie, a surtout parlée de diversité culturelle européenne et de ses multiples modes d’expression.

Le prestigieux prix a été remporté par „Fausto 5.0“, long-métrage espagnol réalisé par Isidro Ortiz et par la troupe „La Fura dels Baus“. Il décrit le calvaire personnel d’un docteur spécialisé dans des maladies terminales. Un jour, il a le malheur de croiser un ancien patient miraculeusement guéri, personnage au profil luciférien, qui persuade le médecin, un type dépressif et méthodique, de se laisser traî ner par son côté le plus sombre. Le sexe, le pouvoir et la fortune finissent par influencer le protagoniste.

„Nous n’étions pas intéressés par la confrontation typique entre le Bien et le Mal. Dans ce cas, les éléments opposés sont la Raison et l’Instinct. Dans le film, nous voulons aussi réaliser une autre vision du classique allemand et nous racontons surtout comment les désirs satisfaits peuvent se transformer en un cauchemar“, s’explique le réalisateur Isidro Ortiz.

Cette récréation de l’oeuvre de Goethe faisait concurrence à: „Dog Soldiers“ de Neil Marshall, „Doctor Sleep“ de Nick Willing, „28 Days Later“, de Danny Boyle; tous trois réalisateurs anglais. Les films espagnols étaient également bien représentés avec „The Devilºs Backbone“ de Guillermo del Toro, „Stranded“ de María Luna, l’une des plus jeunes réalisatrices espagnoles et „El Segundo Nombre“ de Paco Plaza. Sans oublier „Dead End“ des réalisateurs français Jean-Baptiste Andrea et Fabrice Canepa.

Dans la compétition pour les „Méliès dºOr“, l’importance de la participation des travaux de créateurs espagnols, montre clairement la renaissance du genre dans la péninsule ibérique. Celle-ci s’est produite en 1992, avec „Acción Mutante“, le premier long métrage d’Alex de la Iglesia, qui a sonné le glas du panorama dominant, très pauvre jusqu’à ce moment-là.

Le succès de ce film a animé d’autres réalisateurs, ce qui a ouvert les portes de la production audiovisuelle européenne au cinéma fantastique espagnol: „Malgré le faible soutien que nous recevons des institutions espagnoles, nous sommes en train de réussir de grandes productions, grâce à beaucoup d’imagination et d’audace“, nous a expliqué Paco Plaza, réalisateur du film „Segundo Nombre“.

Un moment attendu des festivités fut la première remise d’un deuxième „Méliès d’Or“, destiné à promouvoir la création de court métrages. Le jury l’a décerné à „Oh my God?!“, du Belge Cristophe van Rompaey.

Les participants à cette sélection furent au nombre de neuf: „Brasil“, de l’Espagnol Javier Gutiérrez; „Copy Shop“, de l’Autrichien Virgil Widrich; „Joshua“, du Suisse Andreas Müller; „Cry for Bobo“, de l’Ecossais David Cairns; „Ya no puede caminar“, de l’Espagnol Luiso Berdejo; „Verboden Ogen“ et „The rise and fall of the legendary Anglobilly Feverson“, respectivement des Hollandais Lebert van Strien et Rosto A.D.; „Venus Velvet“, du Portugais Jorge Cramez et „Comptine“, du Belge Damien Chemin.

Nuit des âmes

Des sorcières, des lycanthropes, venus des profondes et obscures forêts des Vosges, des visiteurs d’autres planètes avec d’étranges monstres aux traits incroyables, étaient les protagonistes d’une des nuits les plus attendues du festival: la neuvième édition de „La Nuit du cinéma fantastique“. Pendant ce rendez-vous magique, qui s’est déroulé le 4 avril, un cinéma plus commercial a trouvé sa place. Des centaines d’aficionados ont pu voir ainsi „The Core“, „Beyond-Reanimator“, „28 Days Later“ et „Darkness“. Si ces quatre long métrages étaient hors concours, ils furent l’attrait parfait pour animer une grande soirée masquée avec des prix fantasmagoriques, qui ont été distribués parmi le public.

Un autre volet important de la dernière édition de „Cinénygma“ a été la rétrospective consacrée à l’oeuvre du Japonais Koji Suzuki, initiateur du phénomène „The Ring“, à qui on a rendu hommage avec les projections de „Ring“, „Ring 2“, „Ring 0“ et „Ring: The Spiral“, dans une nuit asiatique de l’horreur.

Adaptés à partir de l’oeuvre de Koji Suzuki, qui est à l’Orient ce que Stephen King est à l’Occident, ces quatre travaux commencent par une scène fameuse montrant deux jeunes qui se font peur avec des histoires de cassette-vidéo qui signifie la mort de tous ceux qui la regardent …

Egalement hors compétition, ont pu être admirés cinq travaux tournés grâce aux nouvelles techniques de la vidéo digitale, dont l’utilisation permet aux jeunes réalisateurs d’atteindre de très hauts niveaux d’expressivité et de qualité d’image, le tout à des frais réduits.

Face à ces innovations techniques, la „Cinémathèque municipale“ misait sur les grands classiques du genre, comme „The Exorcist“, „Possession“, „Rosemary’s Baby“, „Sisters“, „Picnic at Hanging Rock“, „The Mafu Cage“, „Carrie“, „The Brood“ et „Cat people“. Somme toute, l’horreur était parfaite.

Nassio Beltrán

(Traduction de l’espagnol: Paca Rimbau Hernández)


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