RÉFUGIÉ-E-S: Education sans frontières

L’expulsion de plusieurs lycéen-ne-s pendant la période scolaire la semaine dernière a non seulement suscité l’émoi, mais aussi fait revenir la question de savoir pourquoi les autorités ont rompu la trêve.

Foto : ©flickr_tavker

Pour une leçon d’éducation civique, c’en était bien une que les élèves du Lycée technique du Centre (LTC) ont pu apprendre la semaine dernière ; une leçon très réaliste et pratique sur la politique d’expulsion au grand-duché. En effet, avec l’expulsion de plusieurs élèves cueillis par la police aux environs du LTC pour être emmenés au centre de rétention avant d’être renvoyés en Albanie, le gouvernement a semé la panique dans le lycée, où la situation est devenue pratiquement intenable.

Selon le témoignage d’un des professeurs concernés, des rumeurs couraient sur l’organisation d’un autre vol charter dès la semaine qui vient. Si rien ne permet de vérifier cette information, il est clair que, dans un établissement où quasiment chaque classe compte un-e élève dont la demande d’asile a été déboutée, la panique court. D’ailleurs, les actions de la police et de la Direction de l’immigration laissent planer le doute sur ce qu’ils ont communiqué après les faits. Selon plusieurs témoignages que le woxx a pu obtenir, des personnes qui n’avaient aucun lien apparent avec l’organisation scolaire ont été vues dans le bâtiment, peu avant que les élèves soient expulsés.

Gentleman’s agreement révoqué

Un fait que Sergio Ferreira, le porte-parole de l’Asti, regrette : « Il n’y a pas de cadre légal précis pour ces pratiques, rien n’est clairement défini. » Et de revendiquer que les écoles soient considérées comme des zones protégées, dédiées à l’éducation, où personne ne devrait vivre dans la peur perpétuelle d’une expulsion. Quant à la question de savoir comment le gouvernement traitait jusqu’ici les expulsions de mineurs scolarisés et de leurs familles, Ferreira précise : « Il y avait une sorte de gentleman’s agreement entre le Collectif réfugiés et le gouvernement précédent, qui disait que des familles avec enfants scolarisés ne seraient pas expulsées pendant les périodes scolaires. D’ailleurs, si vous regardez les statistiques gouvernementales, vous constaterez que dès le mois de juillet les expulsions montent en flèche. » Mais, déplore-t-il, « rien n’a jamais été écrit et aucun papier signé qui pourrait matérialiser que cette pratique existe ».

Reste à savoir pourquoi la nouvelle coalition a choisi de mettre fin à cette pratique, somme toute très civilisée. Là, Sergio Ferreira est un peu dans l’embarras : « Bien sûr, on avance maintenant l’argument que les familles savaient très bien que leur demande d’asile était refusée avant qu’ils n’inscrivent leurs enfants à l’école. Cela n’empêche pas que ces enfants ont bien un droit à l’éducation et qu’ils doivent se sentir en sécurité quand ils vont à l’école. » En effet, cet argument ne vaut pas grand-chose face aux difficultés dans lesquelles sont plongés maintenant les enseignants. Car donner classe à des élèves qui peuvent disparaître du jour au lendemain n’est pas très aisé, ni enseigner à des enfants qui vivent dans une peur perpétuelle.

Ces cas d’expulsions posent beaucoup de questions, notamment celle de la durée que peuvent prendre les procédures d’asile. Expulser des personnes bien intégrées au pays pendant cinq à six ans ne fait aucun sens. Mais il semble bien que les autorités feront la sourde oreille à ces arguments et que la société civile luxembourgeoise doive se doter dans le futur de structures comme le « Réseau éducation sans frontières » français, qui réagit à chaque expulsion de mineurs scolarisés. Au moins, les élèves et les professeurs sont en train de tirer une leçon importante de ces événements : celle de la solidarité. Une manifestation est d’ores et déjà programmée et quelle que soit la forme qu’elle prendra, son message est déjà connu : « On ne se laisse pas faire ! »


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