Deuxième volet de la trilogie de l’auteur de polars Indridason sur l’occupation américaine de l’Islande, « La femme de l’ombre » est une plongée remarquable dans le climat de méfiance qui s’était installé sur l’île durant ces années noires.
Si Arnaldur Indridason est surtout connu pour sa série de polars mettant en scène le – forcément – neurasthénique commissaire Erlendur Sveinsson (14 titres au total), son écriture a pris un tournant avec la « Trilogie des ombres » dont le deuxième volume vient de paraître en traduction française. Sous l’occupation américaine de l’Islande, le couple mal assorti d’enquêteurs (d’un côté un flic islandais, de l’autre un Canadien aux racines islandaises mais travaillant pour la police militaire des Alliés) est confronté à deux meurtres. L’un, barbare, d’un jeune homosexuel qui fricotait avec des Marines et l’autre, plus subtil, suite à une noyade pas si accidentelle qu’elle en a l’air. Mais ce qui prime chez Indridason, c’est l’atmosphère: pas forcément maussade tout le temps, mais crispée. Entre les militaires américains et anglais qui tentent d’étouffer tout scandale pour ne pas offenser encore plus la population locale et les Islandais qui, eux, ne sont pas enchantés de la présence militaire sur leur île neutre… et qui parfois ont des secrets et des penchants politiques qu’on ne leur soupçonnerait pas. Ajoutez-y une bonne dose de mauvaise foi et de paranoïa et vous obtiendrez un savoureux roman noir sur fond historique avec descriptions minutieuses de la belle nature nordique en prime.