Troisième et dernier volet de la « Trilogie des ombres » consacré à l’Islande sous occupation américaine, « Passage des ombres » renoue avec le présent et développe un nouveau personnage.
Alors que les deux premiers tomes (« Dans l’ombre » et « La femme de l’ombre ») suivaient exclusivement les enquêtes du flic islandais Flovent et de son collègue de la police militaire Thorson, ce troisième tome commence 70 ans plus tard avec une enquête confiée à un certain Konrad. Policier à la retraite depuis peu, il cède à la demande d’une collègue en surmenage pour qu’il s’intéresse d’un peu plus près au suicide suspect d’un homme de 90 ans – pourtant en bonne santé. Et voilà que les fantômes du passé resurgissent et viennent hanter ce brave Konrad, qui pourrait être un cousin lointain du commissaire culte d’Indridason, Erlendur Sveinson.
Peut-être un peu moins torturé et obsédé par son propre passé, il s’aperçoit au fil des révélations que l’histoire de l’occupation britannique puis américaine de l’Islande pendant la Seconde Guerre mondiale a toujours laissé des traces dans le présent et que certaines blessures ne cicatriseront jamais.
Ce qui est intéressant dans « Passage des ombres », c’est la mise en parallèle de deux enquêtes : une pendant la guerre et celle de Konrad dans le présent, qui, bien sûr, sont enchevêtrées – mais pas de la façon qu’on croirait au début. S’y ajoute le goût du tabou avec lequel Indridason aime saler ses récits, comme les Islandais salent leur poisson : homosexualité cachée, viols, croyances obscures et collaboration avec les nazis.
Bref, « Passage des ombres » est la fin réussie d’une trilogie pour le moins inattendue de cet auteur – et on espère recroiser Konrad dans l’un ou l’autre livre à l’avenir !