Arts pluriels : Rendre à Cléopâtre ce qui est à Cléopâtre

von | 17.10.2025

Pour l’Automne, l’Institut du monde arabe de Paris continue à nous présenter « Le mystère Cléopâtre ». Une expo qui remet les pendules à l’heure sur la vie de la dernière reine d’Égypte.

Costume et bijoux de scène portés par l’actrice Sarah Bernhardt en 1890 et Sofia Loren dans le film « Deux nuits avec Cléopâtre » de 1954. (Photo : Nuno Lucas da Costa)

Qui était vraiment Cléopâtre ? D’où vient cette légende de la femme fatale ? Est-ce qu’elle était vraiment aussi belle qu’on le dit ? Ce sont des questions parmi tant d’autres que le commun des mortels se pose lorsque ce nom mythique est évoqué. Souvent, des réponses erronées sont associées à ces mêmes questions. Pour rétablir une once de vérité, l’Institut du monde arabe est parvenu à réunir un grand nombre d’œuvres et d’objets de l’Antiquité à nos jours, émanant de lieux aussi prestigieux que le Louvre, la Bibliothèque nationale de France ou encore le château de Versailles. Les commissaires de l’expo les ont dispersés sur deux étages, proposant ainsi un narratif bien ciselé et attisant facilement l’intérêt de tout public.

La première partie se veut introductive et contextuelle. De par la multitude d’objets d’art et archéologiques qui se présentent à nos yeux, nous nous transportons facilement en Égypte et l’expérience s’avère teintée de pittoresque en pleine « Ville Lumière ». Bien sûr, toutes ses préciosités servent à expliquer les origines de Cléopâtre et le contexte historique autour de sa date de naissance en 69 avant notre ère.

Le public sera ébloui par l’opulence et l’urbanité majestueuse de la ville antique d’Alexandrie présentée dans une projection issue de jeux-vidéos connus. Nous sommes également témoins de la saine cohabitation entre égyptiens, grecs et juifs de l’époque. Aujourd’hui, un mirage, au vu de ce qui se passe au Moyen-Orient. Et s’agissant pourtant d’une réplique, il est tout de même inévitable de ne pas d’évoquer la présence de la « Pierre de Rosette », celle qui a permis à Jean-François Champollion le déchiffrage des hiéroglyphes au 19e siècle. Au final, l’harmonisation entre tous ces éléments disparates opère parfaitement.

Fake news

Jack Lang, le président de l’Institut du monde arabe, passe devant l‘affiche de l‘exposition. (Photo : Nuno Lucas da Costa)

L’Institut du monde arabe nous présente Cléopâtre comme une des « grandes figures féminines de l’histoire ». Pourtant, l’historiographie ne fut pas toujours tendre avec celle qui devint reine des Ptolémées à seulement 17 ans. Les premiers écrits relatant la vie de Cléopâtre portent la plume d’auteurs romains qui se souciaient surtout d’exalter la supériorité de la civilisation romaine et de dépeindre la reine ptoléméenne de manière peu valorisante, bien au contraire. Même des grands noms comme Virgile et Horace tombèrent dans cette sémantique péjorative. Celle-ci était orchestrée par Octave, motivé d’un désir de vengeance sur Cléopâtre pour avoir charmé Marc Antoine, lequel délaissa ainsi en quelque sorte Rome et surtout son épouse Octavie, qui n’était autre que la sœur de l’empereur vengeur. Octave voulu également discréditer, non seulement la régente ptoléméenne, mais aussi Césarion, son potentiel rival et le fils que Cléopâtre eut avec Jules César, considéré comme le fruit d’une relation avec une prostituée orientale.

Les commissaires de l’expo évoquent le début d’une sorte de « légende noire » autour de Cléopâtre et y consacrent la deuxième partie de l’expo. Certains la décrivirent même comme étant une nymphomane insatisfaite amenant vers elle des esclaves qu’elle finissait par assassiner au petit matin. Cette renommée peu flatteuse ne prit guère auprès des Égyptien·nes et la dernière idylle amoureuse de la reine égyptienne inspirera pourtant bien plus tard Shakespeare avec la pièce « Marc Antoine et Cléopâtre » au début du 17e siècle. Sa popularisation était alors renaissante et finit par postérieurement prendre d’autres envols avec l’actrice Sarah Bernhardt, qui l’interpréta au théâtre en 1890. Sans parler de Liz Taylor qui la propulsa dans l’imaginaire collectif avec le péplum de Joseph L. Mankiewicz, « Cleopatra », sorti en 1963.

Cléopâtre superstar

Une troisième partie de l’expo est ainsi entièrement dédiée à l’héritage médiatique inspirée de la figure de Cléopâtre. Une toile cinématographique aux grandes dimensions fait défiler à tour de rôle plusieurs extraits de productions mettant en scène la reine d’Égypte. Au milieu d’une panoplie de films, certains en noir en blanc, une réplique du long métrage d’Alain Chabat « Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre » arrache unanimement des sourires au public.

En dehors du spectre cinématographique, d’autres ont vu en Cléopâtre une véritable poule aux œufs d’or. Une multitude de marques, d’égéries et de futilités en tout genre se sont crées au tour de son nom. Une partie de l’espace expose tout un arsenal de produits s’appropriant la figure de Cléopâtre.

Finalement, une ultime partie de l’expo présente une facette méconnue de la figure exposée et évoque la récupération politique et idéologique autour de sa personne, notamment par le peuple égyptien lui-mème dans la résistance au colonialisme britannique, par la communauté africaine-américaine dans la lutte anti-esclavagiste, et par les mouvements féministes.

Ainsi, Cléopâtre, une simple séductrice, voire une reine courtisane ? Les historien·nes modernes (et l’expo) démontrent que c’était une femme dotée d’un sens politique aiguë qui a su mettre sa vie amoureuse au service de ses intérêts. Il nous est aussi démontré que les Romains ont cherché à occulter ses capacités de dirigeante en mettant en avant ses soi-disant attributs physiques. D’ailleurs aucun document, aucun tableau, aucune statue ne prouve avec consistance aujourd’hui sa légendaire beauté. Seule des pièces de monnaie forgées de son vivant sont considérées comme crédibles et pourtant on n’y décèle qu’une silhouette aux formes faciales banalement féminines pour l’époque. Cela dit, ses deux amants célèbres Jules César et Marc Antoine n’ont pas été indifférents à son charme et surtout ils n’ont pas été choisis au hasard. Les deux lui ont permis de se débarrasser de ses opposants internes et d’accroître le territoire de son royaume.

L’exposition est indéniablement une réhabilitation réussie de la figure de Cléopâtre et de sa vie. Plus que pour ses compétences imaginaires ou avérées de séductrice et de femme fatale, l’exposition finit par nous convaincre que finalement ce fut une véritable cheffe d’État, érudite et polyglotte, soucieuse du bien et du rayonnement de son royaume. Et ce fut surtout quelqu’un qui osa affronter le pouvoir robustement masculin de Rome, en préférant se donner la mort que de se soumettre. L’ancien ministre de la Culture de François Mitterrand et actuel président de l’Institut du monde arabe, Jack Lang, qualifie Cléopâtre à juste titre, dans l’éditorial du très complet catalogue de l’expo, « de femme de cœur, femme d’État ». Une chose est certaine, elle comprit que pour parvenir à ses fins, «  faire l’amour et non la guerre » était une option plus plausible.

« Le mystère Cléopâtre » à l’Institut du monde arabe, jusqu’au 11 janvier 2026.

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